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Il vole (encore) l’identité de son ex et la salit sur les réseaux


« Nous avons obtenu une interdiction de contact, c’est le plus important », souligne Me Jérôme Tiberi, avocat de la jeune femme. Photo RL/Philippe NEU

Élisabeth, 26 ans, subit l’obsession d’un ancien petit ami depuis des années. Elle a déposé dix plaintes, il vient d’être condamné pour la troisième fois par le tribunal correctionnel de Thionville. Le garçon se fait passer pour elle sur internet et tente de ruiner sa réputation avec des propos sexuels très crus.

«Cela fait huit ans que ça dure», souffle Élisabeth*. Dix plaintes et trois procès plus tard, la jeune femme de 26 ans parvient à prendre du recul. Mais cela n’a pas toujours été évident. Elle a quitté la région, repris ses études. Elle se reconstruit loin de cette affaire qui lui a pourri la vie.

Élisabeth subit l’obsession de son ex-compagnon qui la salit sur les réseaux sociaux. « On est sortis ensemble deux semaines. Disons qu’on se tenait la main à la récré », pose-t-elle. Les ados avaient 16 ans. Visiblement, le flirt a marqué le garçon.

Cela a commencé à se manifester en 2014. Élisabeth dépose une première plainte contre lui à la gendarmerie de Rettel. Son ex utilisait son nom ou sa photo pour créer de faux comptes sur Facebook et sur des sites de rencontre. Derrière son clavier, il se faisait passer pour elle, échangeait avec des inconnus, tenait des propos sexuels, livrait des détails salaces.

Avertie par son entourage

Des connaissances, des personnes de son entourage professionnel ont averti Élisabeth. Elle travaillait à l’époque dans le social à Thionville. «Un ancien patient m’a même prévenue», glisse-t-elle. Tous se sont rapidement aperçus qu’il ne s’agissait pas de la jeune femme. Difficile de mesurer l’ampleur des dégâts : «C’est perturbant de ne pas savoir ce qui se dit sur vous», rapporte la victime.

L’ex-compagnon, Thibaut, a été condamné une première fois en 2016. Puis en 2018. Cette deuxième audience devant le tribunal correctionnel de Thionville a été marquée par son placement en détention. Il a été menotté dès le jugement rendu, condamné à un an de prison ferme et à la révocation de son sursis prononcé en 2016, soit cinq mois de prison supplémentaires.

Interdiction de contact

Ce séjour sous écrous ne lui a pas passé l’envie de s’en prendre à la réputation de son ex. Il a continué. Les plaintes se sont enchaînées. Le prévenu vient à nouveau de comparaître devant le tribunal de Thionville fin janvier. Il reconnaît l’usurpation d’identité et l’atteinte à la vie privée qui lui sont reprochées.

Il avance toujours les mêmes arguments. «Il explique qu’il était mal. Il avait mis en place des soins avant le procès», précise son avocate Me Bouillard. Le jeune homme parle d’Élisabeth comme de son premier amour, avance sa difficulté à aborder les filles.

La partie civile, elle, ne voit pas le rapport et balaie l’argument. « Nous avons obtenu une interdiction de contact, c’est le plus important », rappelle Me Jérôme Tiberi. L’ex petit ami écope cette fois de quatorze mois de prison dont huit assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans.

Il devra se tenir à l’écart de la victime, mais également justifier d’une continuité de soins et indemniser Élisabeth à hauteur de 4 000 euros pour son préjudice moral. La peine de prison ferme est aménageable.

«C’est incompréhensible qu’il soit emprisonné dans le deuxième jugement, mais pas dans le troisième», relève Me Tiberi. Toutefois, la partie civile ne peut pas faire appel de la décision pénale.

La jeune femme avait fait le choix de ne pas assister à l’audience. Elle ne veut plus en entendre parler. Du moins, elle l’espère.

* le prénom a été modifié

(Frédérique Tisse – Le Républicain Lorrain)

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