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Hayange et le 6e arrondissement de Lyon : la France de Le Pen et celle de Macron


Deux villes dont les votes au premier tour de l'élection présidentielle française ont été aux antipodes l'un de l'autre. (photos AFP et Pixabay)

Deux visages de la France, deux votes aux antipodes et deux visions du débat télévisé du second tour : dans le très chic 6e arrondissement de Lyon, Emmanuel Macron a été jugé « très efficace » tandis qu’à Hayange, ville symbole de la désindustrialisation, on trouve que Marine Le Pen « a bien parlé ».

Sur le marché de cette cité ouvrière de la vallée de la Fensch, où les hauts fourneaux qui faisaient autrefois la fierté de la Moselle sont désormais livrés à la rouille, le débat présidentiel de la veille occupe les conversations.

« On n’a pas assez parlé de ça : le nerf de la guerre, c’est le pouvoir d’achat des gens, pas la guerre dans les autres pays », déplore Abdulhalik Sisek, 42 ans, vendeur de primeurs. Ira-t-il voter dimanche ? « Ça sert à rien, (…) ni l’un ni l’autre n’a la solution », assène-t-il.

À Hayange, seule ville du Grand Est à être conduite par un maire RN, Marine Le Pen a triomphé le 10 avril, avec 38,62 % des voix, suivie loin derrière par Jean-Luc Mélenchon (20,92 %) et le président sortant (20,16 %).

Sur le marché, le rejet d’Emmanuel Macron est massif. Dimanche, ce sera la candidate du RN, le vote blanc ou l’abstention.

« Mensonges à deux balles » 

« Marine Le Pen a bien parlé, monsieur Macron ne lui a pas trop laissé la chance de s’exprimer, il revenait toujours avec ses mensonges à deux balles », lâche Rachel Besnier, 58 ans. Retraitée de l’agro-alimentaire, elle votera pour le RN, comme au premier tour.

Jérôme, 43 ans, ne souhaite pas communiquer son nom de famille mais confie être le secrétaire départemental de la Ligue patriotique, un groupuscule d’extrême droite. Ce grand chauve a jugé le président sortant « agressif » et « hautain ». « Il a un peu oublié ce qu’il s’était passé avec les gilets jaunes, (…) j’espère que les Français vont s’en souvenir » dimanche, dit-il. Quant à Marine Le Pen, elle a « beaucoup mûri » et s’est « assagie », selon lui.

Dans les travées, une voix détonne toutefois, celle d’Anne-Catherine Lévecque, 67 ans, militante du Parti ouvrier indépendant (POI), qui vend le journal du parti sur le marché, comme chaque semaine.

L’enseignante retraitée n’ira pas voter dimanche car la Ve République n’est « pas légitime ». Quant à la perspective de voir le RN s’emparer de l’Élysée, elle l’inquiète moins que la « situation de misère dans laquelle on installe la population ». Plus question donc de front républicain pour elle. « On nous a déjà fait le coup avec Chirac » en 2002.

« Rien n’est joué » 

Changement de décor : le 6e arrondissement de Lyon lové autour du parc de la Tête d’or, sur les rives du Rhône, avec ses rues et avenues bordées d’hôtels particuliers, d’immeubles bourgeois et de restaurants étoilés.  Ici, Emmanuel Macron a viré largement en tête au 1er tour avec un peu plus de 40% des suffrages, très loin devant Marine Le Pen (7,83 %).

Pour Hadrien Mermet, 23 ans, étudiant en droit et militant LREM, le président « a mené le débat alors qu’il partait quand même avec une sorte de handicap, car il est toujours plus facile d’attaquer quelqu’un sur son bilan, plutôt que de faire des propositions ». Il « s’est montré quand même beaucoup plus crédible (que son adversaire), notamment sur les sujets liés à l’international », assure le jeune homme qui se dirige d’un bon pas vers la gare de la Part-Dieu, sous un soleil printanier.

Pour Richard Barone, 41 ans, patron d’une start-up de la foodtech, le débat « ne va pas changer de manière fondamentale la façon dont les gens votent ». Aucun des deux protagonistes n’a « particulièrement marqué des points, ni perdu d’ailleurs », observe-t-il.

Nicole Chauvet, 74 ans, elle aussi militante LREM, trouve qu’Emmanuel Macron « a été très efficace sur la question du pouvoir d’achat, il a montré que le programme de Marine Le Pen ne marchait pas, et sur l’Europe, il a montré qu’avec elle, c’était la fin du couple franco-allemand, avec le danger des relations avec Poutine, Orban et la Pologne ».

Pour autant, constate Alicia Ribeyre, chef de projet « social médias » de 24 ans aux cheveux tressés : « rien n’est joué » et « beaucoup de personnes peuvent changer d’avis ».

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