Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les premières entreprises chinoises attendues dans le cadre du projet TerraLorraine débarquent en Moselle avec leurs produits dans un peu plus d’un mois.
Un grand drapeau chinois et un autre européen. C’est dans ce bâtiment, sur la zone industrielle de Thionville-Metzange, que les professionnels européens pourront choisir les produits chinois qui les intéressent. (Photo : RL/Pierre Heckler)
On parle de leur arrivée depuis près de trois ans. Les premières PME chinoises du projet TerraLorraine proposeront dans quelques semaines leurs produits sur le sol mosellan. C’est ce qu’annonce la Comex Holdings. Le porteur de ce projet 100 % privé évoque l’implantation de « plusieurs centaines d’entreprises chinoises » dès le mois de mars. Et en annonce même jusqu’à 1 500 d’ici à la fin de l’année.
Le pari auprès des partenaires commerciaux européens et chinois est en passe d’être tenu : lorsqu’elle a fait connaître son projet, en février 2012, la Comex évoquait une ouverture à l’horizon 2015.
Ce qui a changé en revanche, ce sont les conditions d’accueil, considérablement bouleversées. C’est sur la zone industrielle de Thionville-Metzange et non sur la mégazone d’Illange que TerraLorraine prend pour l’instant racine. Dans un bâtiment déjà existant de 28 000 m2, vide depuis 2009 et le départ du logisticien Géodis. On est donc bien loin des 240 000 m2 flambants neufs promis à Illange moyennant 150 millions d’euros d’investissement. Les pionniers de l’aventure y loueront des stands d’exposition de 9 m2 pour y présenter leurs produits. Rien à voir non plus avec les showrooms de 50 à 100 m2 annoncés initialement. Deux PME ont d’ores et déjà pris possession des lieux. L’une fabrique des sacs cabas personnalisables ; l’autre de la robinetterie.
> Du provisoire qui dure ?
Voilà qui en dit long sur le large spectre d’activités qui vont voisiner dans le bâtiment. On y attend uniquement des biens de consommation finale : prêt-à-porter, accessoires de mode, électroménager, produits électroniques et de téléphonie, outillage, etc.
Seuls les professionnels du commerce auront accès à ce gigantesque salon permanent. Ils pourront y faire leurs courses pour achalander leurs rayons de produits made in China. Tous auront « satisfait aux tests qualité réalisés par la société suisse de certification SGS », assure la Comex. Elle fournit en sus des services de logistique et de paiement sécurisés. Et mettra en ligne, en parallèle, un site web dédié.
Arborant fièrement depuis plusieurs semaines les drapeaux européen et chinois, le site a été baptisé ITEC Euro Centre 1. La Comex le présente comme « le plus grand centre d’exposition par des entreprises productrices chinoises pour les acheteurs professionnels en Europe. »
Toute la zone alentour a été fléchée pour permettre aux visiteurs d’y parvenir sans difficulté. Une solution présentée comme provisoire, le temps de faire patienter les «4 000 PME» intéressées par le concept d’Illange.
Du provisoire qui pourrait durer ? La Comex assure que non. Elle continue d’évoquer une ouverture d’Illange pour 2017. Un optimisme partagé par les milieux politique et économique mosellans, qui réitèrent leur confiance et leurs certitudes. Il vaut mieux, effectivement, pour les retombées locales. À Metzange, elles sont en effet nulles pour le secteur du bâtiment. Et seront certainement bien loin des 3 000 créations d’emploi annoncées.
Enfin, si le site de Metzange va générer du passage et de l’activité, on le voit mal drainer le million de visiteurs par an évoqué pour Illange. Autant d’éléments de nature à relancer la crainte de ceux qui voient depuis le début, en ce projet, un cheval de Troie visant à dérouler le tapis rouge aux produits chinois. Seul le démarrage imminent du chantier d’Illange serait de nature à y mettre fin.
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)
