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Grand Est : Cambadélis et Valls appellent à voter pour la droite


Jean-Christophe Cambadélis a appelé à voter pour Philippe Richert. (photo AFP)

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, et le Premier ministre Manuel Valls ont appelé lundi à voter pour le candidat des Républicains dans la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, où le candidat PS, Jean-Pierre Masseret, refuse de retirer sa liste malgré une triangulaire avec le Front national.

La situation devient ubuesque. Interrogé sur BFMTV sur le fait de savoir s’il appelait à voter en faveur de Philippe Richert au second tour des élections régionales, M. Cambadélis a répondu: « Oui, bien sûr, si on se retire, c’est pour que l’autre gagne, c’est évident. » Manuel Valls a également appelé sur TF1 à voter pour les listes de droite face au FN en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Nord-Pas-de-Calais-Picardie où le PS s’est retiré, mais aussi en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, où le président sortant de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, a refusé de suivre le mot d’ordre national du PS et a déposé sa liste, au risque de perdre l’investiture de son parti.

« Je dis à Jean-Pierre Masseret qui rêve que M. Richert lui propose un accord, je lui dis que les responsables républicains de l’est sont terrorisés par la pression de (Nicolas) Sarkozy et n’accepteront aucun accord », a argumenté M. Cambadélis. Donc, a-t-il poursuivi, s’il se maintient, il fera « passer (Florian) Philippot ». « Je ne crois pas que Jean-Pierre Masseret, après une vie consacrée à la gauche, souhaite à 71 ans terminer par la victoire de M. Philippot », le numéro 2 du FN. « Attention, ça va être extrêmement serré », a-t-il prévenu, assurant que Solférino continuait à « convaincre » notamment les personnes figurant sur la liste de M. Masseret qui a récolté dimanche 16,11% des suffrages, soit le plus bas score du PS. La règle électorale prévoit qu’au moins la moitié des candidats refusent d’être sur une liste au second tour pour que celle-ci soit invalidée.

Jean-Pierre Masseret a dit regretter d’avoir « déçu » Valls en refusant de retirer sa liste pour faire barrage au FN, tout en assurant vouloir tenir bon et s’attendre « au pire ». Dans un entretien à RTL, M. Masseret a confirmé avoir échangé des SMS avec le Premier ministre « qui est un ami » et lui demandait de se retirer. « Je pense que je l’ai déçu, oui, et je le regrette parce que ma vie ne consiste pas à faire du tort ou empêcher le Premier Ministre », a confié Jean-Pierre Masseret. « Tu fais une erreur politique. Tu ne peux pas avoir raison contre tous », a écrit Manuel Valls, selon l’entourage de Jean-Pierre Masseret.

« Je suis socialiste depuis très longtemps, je ne vis pas ces moments comme des moments faciles, je sais qu’on va me faire des tas de reproches, je vais porter tous les défauts du monde », a encore expliqué l’actuel président socialiste de la région Lorraine à RTL. « Je suis préparé à ça même si je pense que le pire est encore devant moi, mais je dois tenir bon », a-t-il souligné.

De nombreux ténors socialistes du Grand Est ont appelé à voter pour le candidat de la droite républicaine Philippe Richert, ou à tout faire pour contrecarrer le FN dimanche. « Mais je n’arrive pas à m’inscrire dans cette logique qu’on ne sera pas présent, qu’on ne servira à rien. C’est pas en s’éloignant du diable qu’on règle la question de sa diablerie. C’est dans l’affrontement », a encore expliqué Jean-Pierre Masseret dans un autre entretien, accordé lundi à Europe 1.

Jean-Pierre Masseret a déposé lundi sa liste pour le second tour des régionales, actant ainsi son refus de se retirer pour faire barrage au Front national, arrivé en tête au premier tour dans le Grand Est, au risque de perdre l’investiture du PS.

AFP

Masseret « sauve l’honneur des socialistes »

Le député-maire socialiste de Gonesse (Val-d’Oise), Jean-Pierre Blazy, a critiqué lundi la stratégie de Jean-Christophe Cambadélis face au FN, en appelant à « ne pas confondre résistance et capitulation » et en soutenant Jean-Pierre Masseret dans l’Est.

« Si la méthode de la diabolisation et du tout sauf le FN fonctionnait, celui-ci ne serait pas devenu le premier parti de France au premier tour des élections régionales », déclare dans un communiqué M. Blazy, parfois classé parmi les frondeurs PS.

« Le 21 avril 2002, la cote d’alerte était pourtant déjà atteinte. Aujourd’hui la résistance doit prendre une autre forme que celle du retrait des listes », juge-t-il, en apportant son soutien au candidat PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes Jean-Pierre Masseret, qui a décidé de se maintenir contre les consignes du parti. « Manuel Valls déclarait: oui, la gauche peut mourir. Hier Jean-Christophe Cambadélis a signé l’acte de décès des socialistes dans les régions Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte d’Azur », selon l’élu du Val-d’Oise, pour qui « Jean-Pierre Masseret sauve l’honneur des socialistes en ne capitulant pas dans le Grand Est ».

« Pour faire barrage au FN, il faut opposer une résistance de gauche perceptible par les électeurs dans les actes », préconise-t-il, appelant notamment à « résister » en tenant « les engagements de campagne de 2012 du candidat François Hollande » et en obtenant « un arrêt des politiques d’austérité en Europe qui fabriquent du chômage ».