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En grève de la faim et de la soif, le père de Corentin hospitalisé


Pierre Jeras et Fatiha Chami-Jeras, les parents de Corentin, mort d’une appendicectomie ratée en 2014 à Claude-Bernard, à Metz. (Photo RL/Alain Morvan)

En grève de la faim et de la soif depuis le 6 septembre, Pierre Jeras, le père du petit Corentin mort des suites d’une opération de l’appendicite ratée en 2014 à Claude-Bernard, a été hospitalisé quelques heures dimanche matin.

Pierre Jeras, le père du petit Corentin mort des suites d’une opération de l’appendicite ratée en novembre 2014 à l’hôpital-clinique Claude Bernard, a été hospitalisé dimanche matin pendant quelques heures à l’hôpital de Mercy. Il va poursuivre sa grève de la faim débutée mardi 6 septembre mais a recommencé à s’hydrater après 122 h sans boire.

C’est son épouse Fatiha qui l’a convaincu d’appeler le Samu, en début de matinée dimanche. « Il était très mal, très faible. Je n’en reviens pas qu’il faille arriver à de telles extrémités pour défendre son bon droit et la mémoire de notre fils. Je ne voulais surtout pas qu’un deuxième malheur arrive », explique la maman de Corentin. « Nous allons continuer à nous battre », promet Pierre Jeras, un peu requinqué dans l’après-midi. « La cour de cassation ne nous a pas contactés ces derniers jours. Nous demandons toujours le dépaysement du dossier dans une autre juridiction que Metz ».

Ils n’ont toujours pas eu non plus de réponse à leur courrier adressé il y a dix jours à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, dans lequel ils mettent en cause le fonctionnement du système de soins à la Française.

Alors que les deux chirurgiens qui ont opéré son fils mort en 2014 ont été mis en examen pour homicide involontaire il y a deux semaines, Pierre Jeras exige le dépaysement de l’enquête judiciaire. « Avant même de connaître le dossier, le juge m’a dit qu’il ne fallait pas que nous attendions trop du volet pénal. C’était inacceptable. Ensuite l’enquête a traîné en longueur… », assure le père de Corentin, mort des suites d’une appendicectomie ratée le 2 novembre 2014 au CHU de Brabois à Nancy, 24h après son opération-catastrophe réalisée à Claude-Bernard à Metz.

« Je lui dois la vérité sur sa mort »

Sa grève de la faim et de la soif débutée mardi 30 août est une réaction à la réponse reçue il y a dix jours de la cour de cassation, qui refuse de transférer le dossier judiciaire de son fils à une autre juridiction. « Il n’existe pas d’éléments suffisants (…) pour que je saisisse la chambre criminelle de la cour de cassation aux fins de renvoi vers une autre juridiction », lui indique Jean-Claude Marin, le procureur général près la cour de cassation.

Dans sa lettre du 30 juin, le père de Corentin, psychiatre installé à Illange, dénonçait « une instruction qui n’était pas faite dans un climat de sérénité et célérité nécessaires à l’émergence de la vérité ». Explications de Pierre Jeras : « Nous avons vécu un véritable parcours du combattant pour obtenir des éléments sur les conditions réelles de la mort de Corentin et c’est pour cela que nous avons ferraillé avec les instances disciplinaires pendant des mois. Nous avons obtenu des informations et des réponses, alors que la justice avançait à son rythme, c’est-à-dire très lentement. Corentin était un enfant merveilleux et je lui dois la vérité sur sa mort », estime le père de l’adolescent.

La justice messine avait ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire une semaine après la mort du collégien âgé de 11 ans. Plusieurs rapports d’expertise ont critiqué les erreurs techniques et le retard pris par les chirurgiens, qui ont passé neuf heures au bloc ce 1er novembre 2014. Les deux chirurgiens, Salah Benlahrir, premier chirurgien à s’occuper de Corentin, et Pierre-Noël Chipponi, venu à la rescousse mais qui échoue à contenir l’hémorragie causée par un instrument de la cœlioscopie, ont été jugés par leurs pairs en février 2016 : le premier a une interdiction d’exercer la médecine pendant trois ans ; le deuxième, de deux ans dont un avec sursis.

Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)

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