Thierry Rosso, le directeur de la centrale de Cattenom, a dressé mardi le bilan 2017 de la centrale et présenté les grands projets pour 2018, notamment le grand carénage, qui vise à en prolonger la durée de vie.
La production, en augmentation par rapport à 2016, s’est élevée à plus de 36 milliards de kWh, ce qui représente 10 % de la production nucléaire d’EDF. «De plus, grâce au mix énergétique d’EDF, qui associe le nucléaire et les énergies renouvelables, nous produisons une électricité à 97 % sans émission de CO2. L’émission est d’environ 50 kg. L’Allemagne en émet dix fois plus !», a souligné Thierry Rosso.
Bilan positif, également, du côté humain. Le CNPE (Centre nucléaire de production d’électricité) de Cattenom, qui a recruté 32 nouveaux salariés en 2017, emploie 1 360 personnes et 750 prestataires permanents. Quant au taux de fréquence des accidents des intervenants, il est de 1,9, là où il s’élève à 38,9 dans le secteur du BTP et à 7,8 dans les activités de service.
Acteur incontournable de l’économie locale, le CNPE a reversé plus de 104 millions d’euros de taxes en 2017, dont la moitié a profité au territoire local. Vingt-neuf millions d’euros, sur les 93 millions d’euros de travaux de maintenance effectués en 2017, ont par ailleurs été confiés aux entreprises locales et régionales.
Mais l’année 2017 aura aussi été marquée par les questions de sécurité. Outre l’intrusion de militants de Greenpeace sur le site de Cattenom – que le directeur résume à « un événement médiatique » qui « ne démontre rien de la fragilité de notre sécurité », la catastrophe de Fukushima (2011) a laissé des traces. À la suite de cet accident nucléaire, EDF a notamment créé la FARN (Force d’action rapide du nucléaire), qui vise à garantir la sûreté en cas de situation ultime et qui a effectué un deuxième exercice en mai dernier sur le site de Cattenom. Des diesels d’ultime secours sont également en construction sur chaque unité.
Jusqu’à 2 000 intervenants de plus
Contrôlée par l’Agence de sûreté nucléaire (ASN), qui a effectué 25 inspections, dont 7 inopinées, en 2017, la centrale a répertorié 52 évènements significatifs de sûreté (ESS), dont 48 de niveau 0 – sans aucune incidence sur la sûreté nucléaire – et 4 de niveau 1 (sur une échelle allant de 0 à 7). «La France est le seul pays à répertorier même les évènements de niveau 0», a rappelé Thierry Rosso.
Cette année sera particulièrement dense au niveau de la maintenance, avec deux arrêts pour simple rechargement, et surtout la 3e visite décennale de l’unité 2 à partir du mois de mai, dont la mise à l’arrêt et les travaux d’amélioration devraient permettre à l’ASN de se prononcer sur la prolongation de l’exploitation du réacteur pour dix années supplémentaires.
Durant les quatre mois que dureront les travaux, «18 000 activités ont été planifiées, et 3 500 à 4 000 intervenants seront présents sur le site, soit jusqu’à 2 000 personnes de plus qu’à l’accoutumée», a précisé Yannick Simonet, sous-directeur de la centrale de Cattenom et responsable du grand carénage.
Cette visite décennale s’inscrit dans le cadre du grand carénage, programme qui vise à augmenter la durée de vie des centrales nucléaires au-delà des 40 ans initialement prévus. «Nous ciblons a minima 60 ans pour Cattenom», a annoncé Yannick Simonet. Cette opération, qui concerne les 58 réacteurs du parc nucléaire français, coûtera au producteur d’électricité quelque 50 milliards d’euros d’investissements sur la période 2014-2025, dont «100 à 150 millions d’euros pour le site de Cattenom».
Tatiana Salvan