Dans le cadre de la présentation du rapport d’activités 2016 de la centrale nucléaire EDF de Cattenom, son directeur, Thierry Rosso, a tenu à rassurer la population luxembourgeoise quant au volet de la sûreté.
Le Quotidien : À l’occasion d’une visite de l’ancien Premier ministre français Manuel Valls au Luxembourg le 11 avril 2016, son homologue luxembourgeois, Xavier Bettel, avait émis le souhait que Cattenom ferme et qu’un projet alternatif, faisant la part belle aux énergies renouvelables, soit mis sur pied en lieu et place de l’actuelle centrale nucléaire. Xavier Bettel avait également déclaré que le Luxembourg était prêt à financer ce projet, conjointement avec les autres membres de la Grande Région. Comment avait été perçue cette annonce sur le site de Cattenom?
Thierry Rosso : Il n’est pas dans nos habitudes de commenter les dires d’élus, qu’ils soient français, luxembourgeois ou sarrois. Il y a des débats autour de l’énergie qui sont récurrents et je les entends. Ceci dit, bien que je respecte ces prises de parole, notre job, à nous, c’est l’électricité.
Vous avez évoqué, lors de la présentation du rapport d’activités 2016 de la centrale, le fait que vos « voisins » se montraient vigilants. Est-ce justifié, selon vous?
Cela est tout à fait normal. En France, tout le monde se pose des questions légitimes autour d’une centrale nucléaire. Nous avons un métier particulier et donc il nous appartient de le faire comme il faut : il en est de notre responsabilité d’exploitant nucléaire. Produire en toute sûreté, c’est notre job.
Cela étant, nous devons également informer le territoire, aussi bien côté français, que côtés luxembourgeois et sarrois. Il s’agit de questions légitimes auxquelles nous répondons régulièrement. De surcroît, nous sommes proactifs : nous prenons les devants et informons sur tous les évènements qui se produisent dans la centrale, y compris pour les évènements dits mineurs et qui n’ont rien à voir avec la centrale nucléaire. Je prends l’exemple des bureaux qui ont brûlés dans un bâtiment du site; les voisins et les acteurs du territoire en général ont parfaitement été informés de ce qui s’est passé.
Que répondez-vous aux inquiétudes de la grande majorité de la population luxembourgeoise et à celles du Premier ministre Bettel, qui a déclaré qu' »un grave accident à Cattenom aurait pour conséquence de rayer le Grand-Duché de la carte du monde »?
2016 a été une bonne année pour la centrale, que ce soit du point de vue de la production que de celui de la sûreté. Le directeur que je suis vous garantis que son premier sujet d’attention au quotidien est de produire en toute sûreté. Les questions sont légitimes et nous essayons d’y répondre au mieux. Même s’il y a toujours des questions qui seront résiduelles sur la question du nucléaire.
Cela étant, vos « voisins » persistent et sont prêts à signer immédiatement la fermeture de la centrale…
Chaque pays fait ses propres choix énergétiques. Ce qui est important aujourd’hui, c’est d’avoir un mix énergétique qui permet de décarboner au maximum l’activité humaine au regard des enjeux climatiques.
Le deuxième enjeu est celui de pouvoir garantir une autonomie d’approvisionnement de chacun des pays qui le font en fonction des ressources qui leur sont propres. En fin de compte, chacun des moyens de production doit garantir une certaine sûreté d’approvisionnement, que ce soit pour le nucléaire, le charbon ou le gaz; et c’est cela que nous faisons. Des pays ont trouvé des solutions différentes, que je ne commenterai pas, en tant que directeur de la centrale de Cattenom.
Qu’est-ce qui a changé à Cattenom, depuis l’accident nucléaire de Fukushima survenu en 2011?
L’accident de Fukushima a surtout mis en lumière le fait qu’il fallait avoir la capacité de fournir en eau et en électricité un réacteur quelles que soient les conditions environnementales, quel que soit l’état d’un pays et quelle que soit l’approche sûreté probabiliste que nous avons. Ce type de constat a conduit au renforcement de nos installations, justement au moyen de réalimentation en eau, en électricité; cela concerne Cattenom mais aussi l’ensemble des réacteurs en France. Par exemple, à Cattenom, nous allons construire des « diesels d’ultime secours (DUS) », un par réacteur, d’ici 2018. Ils viendront compléter les nombreuses sources électriques déjà présentes sur le site.
Claude Damiani
Greenpeace Luxembourg celèbre » les 6 ans de Fukushima
Six ans jour pour jour après la catastrophe de Fukushima au Japon, Greenpeace Luxembourg a procédé ce samedi à une installation devant la centrale de Cattenom. « Six ans après, la catastrophe de Fukushima est loin d’être résolue. En France, 18 réacteurs sont concernés par des irrégularités. Cattenom est aussi touché par les scandales des falsifications », dénonce l’ONG.
La centrale a fêté ses 30 ans
Mise en service en 1986, la centrale a subi des travaux pour fonctionner pendant 40 ans supplémentaires (vers 2050).
Le choix du mix énergétique français est une décision souveraine, qui n’appartient qu’à la France », avait déclaré, il y a près d’un an, le Premier ministre, Xavier Bettel, lors de la réception de son ancien homologue français Manuel Valls, à Luxembourg. Dans ce cadre, le directeur de la centrale, Thierry Rosso, est revenu, hier, sur le projet industriel du Groupe EDF visant à assurer la durée d’exploitation des centrales nucléaires au-delà de 40 ans, intégrer un rehaussement du niveau de sûreté à l’occasion des visites décennales et réaliser les travaux programmés, à la suite de l’accident de Fukushima, conformément aux prescriptions techniques de l’Autorité de sûreté nucléaire.
La centrale prépare plus que jamais son avenir
Thierry Rosso a notamment fait un point d’avancement sur les travaux des diesels d’ultime secours (DUS), qui sont en cours de construction sur chacun des 58 réacteurs du parc nucléaire. De plus, le directeur a annoncé qu’au mois de février dernier, le moteur DUS de l’unité de production n° 3 de la centrale de Cattenom a été introduit dans son bâtiment : « Une nouvelle étape de franchie pour ce chantier d’envergure », a-t-il souligné.
Concernant le bilan 2016 de la centrale, son directeur s’est félicité du volume de production atteint en 2016 : « Le site a produit 31,2 milliards de kWh, soit l’équivalent d’environ 75 % des besoins en consommation de la nouvelle région Grand Est. » Par ailleurs, le directeur a fait savoir que la centrale avait engagé 172 millions d’euros dans ses travaux de maintenance, en 2016 avec l’objectif de fonctionner pendant 40 ans supplémentaires, et que 3 arrêts programmés avaient eu lieu, dont la 3 e visite décennale de l’unité de production n° 1.
C. D.
Merci pour ces propos qui se veulent rassurants qui sont à mettre en perspective avec la comdamnation d’EDF en mars 2017 pour des problèmes à Fessenheim alors dirigée par l’actuel président de Cattenom.
https://www.bastamag.net/Fessenheim-le-defaut-d-etancheite-etait-une-fuite-de-100m3-d-eau