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Canal + : le prochain porno du mois sera «made in Metz» et «féministe»


« Le « porno féministe » ne pose pas la femme comme un objet», explique la réalisatrice messine, à propos des actrices du film tourné dans la capitale mosellane (Photo : Anoushka).

Réalisé par la Mosellane Anoushka, le « porno éthique » du mois d’août de Canal + a été intégralement tourné et monté à Metz. Vivante raconte la résurrection sexuelle d’une jeune femme victime d’un accident de la route. Il aborde la question du handicap et de l’assistance sexuelle. Une sorte de docufiction.

Rangez vos pardessus. Le prochain porno de Canal + sort des « tubes » dont se repaissent les internautes. Vivante, de la réalisatrice messine Anoushka, est un pur produit lorrain, du X du terroir, de « l’artisanat local », hors des standards moites et lugubres de l’industrie du hard.

vivante pornAuteure désireuse de réhabiliter le genre, Anoushka inscrit son travail dans la veine du « porno éthique » ou « porno féministe », codifié par la réalisatrice Ovidie avec laquelle elle a collaboré au sein de FrenchLover TV.

Un pied en Alsace, l’autre en Moselle, Anoushka a posé sa caméra à Metz pour ce troisième long-métrage qui raconte la résurrection sexuelle de Lou, une jeune femme victime d’un accident de vélo.

Avec Metz en toile de fond, elle aborde la question de la sexualité des handicapés et des assistants sexuels. Une sorte de « docufiction » dont Anoushka a écrit le scénario et dirigé les acteurs avec la volonté de mettre en lumière un « sujet sensible » frappé du sceau de l’indicible.

Handicap et sexualité

Le tournage a eu lieu au mois de février dans des rues, des bars et des appartements de Metz. Porno militante, Anoushka a eu tout le confinement pour monter son film ensuite. Son sujet lui tenait à cœur.

« C’est une histoire assez engagée et politique dont je suis assez fière puisqu’on lève un tabou : le sexe, le handicap et le métier d’assistant sexuel. Pour construire l’interview de l’assistante sexuelle du film, Emma, je me suis inspirée d’un échange que j’ai eu avec des professionnels et des personnes en situation de handicap », détaille Anoushka.

Quitte à aller jusqu’au bout de sa démarche, la scénariste a également fait appel à une actrice handicapée nancéienne. Un comédien joue par ailleurs un « personnage qui a de l‘angoisse au sujet de l’injonction à la pénétration dans le rapport sexuel ».

« Dans mon propos, je pars du principe que l’assistance sexuelle devrait être ouverte à tous et pas seulement aux personnes en situation de handicap », plaide la cinéaste qui ne craint pas de heurter en ne suggérant rien dans les relations qui se nouent entre ses protagonistes : « J’amène le message dans une histoire d’amour avec beaucoup de légèreté. Ce n’est pas malsain. J’apporte les éléments sur la table sans chercher à choquer ou à brusquer. »

Parent pauvre

Après « Gloria » (2017) et « Blow Away » (2019), « Vivante » est le troisième long-métrage commandé par Canal + à Anoushka. Même si la chaîne a participé au financement du film, on ne parle pas ici de superproduction.

Le cinéma pornographique est le parent pauvre de la création audiovisuelle. Anoushka a dû composer avec un budget de 24. 000 euros et en a été de sa poche.

Malgré ces moyens faméliques, la documentariste de 37 ans, par ailleurs salariée, tient à défendre la fabrication française et une moralisation du X.

« Le ‘porno féministe’ ne pose pas la femme comme un objet, explique-t-elle. La base, c’est le consentement. Rien n’est imposé aux actrices sans leur accord. Elles ont aussi un droit de regard sur leurs partenaires. De plus, pour ma part, je ne suis pas orientée sur la performance. »

Pas de malentendu toutefois. Anoushka ne conçoit pas des films érotiques. La pornographie y est assumée. Ils sont bien réservés aux adultes.

Thierry Federigo (Le Républicain Lorrain)

Le film Vivante, d’Anoushka sera diffusé pour la première fois le samedi 15 août sur Canal +, à 0 h 20 et en crypté.