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Bure : le débat ne sera pas enterré


À Bure, un laboratoire a été construit pour prouver la faisabilité du projet. Son porteur, l'Andra, comptait lancer les travaux de Cigéo, 100 km de galeries à creuser vers 2020. (Photo archives RL/Pierre Heckler)

Après la censure du Conseil constitutionnel, le sujet de l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure reste d’actualité.

Enfoui au cœur de la loi Macron, l’article donnant force de loi à l’enfouissement des déchets nucléaires, sous condition de réversibilité, n’est finalement pas passé. Pourtant, les opposants pensaient bien l’affaire définitivement enterrée. «Mais le Conseil constitutionnel est venu casser la baraque de tous ces gens, s’exclame Michel Marie, porte-parole du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra). Malgré les enjeux et les pressions.»

Le collectif est presque étonné de voir «enfin le bon sens et la démocratie l’emporter. En toute logique, le Conseil constitutionnel se devait de retoquer cet amendement. Mais, avec le nucléaire, on n’est jamais sûr de rien.»

Jeudi, le Conseil constitutionnel a effectivement jugé que l’article 201 de la loi Macron était un «cavalier législatif». C’est-à-dire qu’il n’avait rien à faire dans cette loi. Le groupe Europe-Écologie Les Verts (EELV), très attentif à la question, s’est aussitôt réjoui du «camouflet pour le gouvernement».

Sandrine Bélier, tête de liste aux prochaines régionales, a d’ailleurs l’intention de faire de Bure son cheval de… campagne. «Que le gouvernement fasse preuve d’un peu de cohérence. On ne peut pas promouvoir le nucléaire et Cigéo et se dire leader de la transition énergétique et de la COP21.»

Sortir de l’impasse

Le Cedra, lui, reste sur le fond du problème. Sa préoccupation demeure le projet. «Le gouvernement a tenté de faire passer la loi en douce, pour éviter un débat sur la réversibilité de l’enfouissement des déchets. Parce qu’aujourd’hui, tous les experts savent que la réversibilité n’est qu’une vue de l’esprit.»

Jeudi, Bercy a fait savoir qu’une proposition de loi spécifique aux conditions de réversibilité serait déposée dans le courant du premier semestre 2016. La réversibilité ? C’est l’obligation de pouvoir récupérer, en tout temps et toutes conditions, les fûts nucléaires placés sous terre. «Mais les incidents et accidents à travers le monde montrent que ça n’est pas possible. À chaque problème, les sites sont hermétiquement clos. En enfouissant, les politiques croient pouvoir oublier le problème, s’insurge Michel Marie. On ne va tout de même pas laisser pendant un million d’années des déchets radioactifs sous nos pieds !»

La Coordination Stop Bure estime le projet Cigéo dans l’impasse, «un projet hors-norme par sa durée, ses risques sanitaires et environnementaux. Les difficultés techniques sont dantesques. La question du coût reste obscure avec des estimations qui oscillent entre 20 et 40 milliards d’euros.»

Cette impasse, le Cedra aimerait la dépasser pour «en appeler au bon sens. Si on démontre que le projet n’est pas réversible, il n’y aura pas de Cigéo.» Alors, le Cedra tend la main aux politiques pour lancer une réflexion. «On se met tous autour d’une table, politiques et scientifiques, pas seulement les Français d’ailleurs, et on réfléchit. Pour trouver une solution acceptable.» La solution, pour l’heure, n’existe pas. «Mais on a quelques années devant nous. Il serait temps qu’en politique, on ait enfin du bon sens.»

Laurence Schmitt (Le Républicain Lorrain)

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