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Boire l’eau de la Moselle : c’est bientôt possible !


L’alimentation en eau de la ville de Metz provient à 60 % du Rupt-de-Mad, soutenu par le lac de la Madine. Pour s’assurer un plan B, en cas de rupture de réseau, la Ville veut pouvoir pomper l’eau de la Moselle (ici au canal de Jouy) et la dessaler grâce à la nanofiltration. (Photo : RL)

Polluée en amont par les soudières, la Moselle n’est pas potable. La Ville de Metz a investi dans un projet pilote pour dessaler l’eau par nanoflitration. L’idée : garantir une solution de secours en cas de problème avec les autres sources d’eau.

D’où vient l’eau du robinet ?

L’eau fournie par la Ville de Metz aux Messins et à une grande partie des habitants du département provient essentiellement du ruisseau du Rupt-de-Mad, soutenu, en période d’étiage, par le lac de la Madine. L’autre partie est tirée des sources de Gorze, qu’exploitaient déjà les Romains il y a 2 000 ans, et des eaux souterraines des nappes alluviales de la Moselle.

L’usine de traitement des eaux du Rupt-de-Mad implantée à Moulins-lès-Metz et exploitée par la Mosellane des Eaux, filiale de Veolia, traite pour la rendre potable jusqu’à 60 000 m³ d’eau par jour.

Pourquoi diversifier les sources ?

Entre la ressource principale – le Rupt-de-Mad – et l’usine de traitement, il y a un barrage à Arnaville et 14 km de canalisation. Des installations sous haute surveillance ! Car en cas de rupture du réseau – glissement de terrain, pollution de l’eau – cette précieuse manne serait interrompue. Certes, il resterait l’eau de Gorze et les nappes, mais leur apport, même augmenté, reste limité. C’est pourquoi, la Ville veut « sécuriser » son réseau et trouver un plan B en cas de problème.

Or, il se trouve que ce plan existe déjà : un bras de la Moselle, le canal de Jouy, coule justement au pied de l’usine de traitement des eaux de Moulins. En outre, les installations de pompage fonctionnent parfaitement, et ce depuis la création de l’entreprise dans les années 1970. Elles ont même été utilisées, il y a dix ans, lors d’une suspicion de pollution du Rupt-de-Mad.

Le seul hic, c’est que cette eau – même si elle ne présente pas de danger pour la santé – n’est pas potable car elle est trop chargée en chlorures de calcium (sel). Et cette pollution est beaucoup trop fine pour être traitée par les installations actuelles de l’usine.

C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que la Ville de Metz est obligée d’aller chercher son eau jusqu’à la Madine…

Pourquoi la Moselle est polluée ?

La Moselle est polluée parce que l’un de ses affluents, la Meurthe, est pollué. À 25 km au sud de Nancy, les entreprises Novacarb et Solvay Carbonate fabriquent du carbonate de sodium et génèrent des chlorures de calcium qu’elles rejettent dans la rivière. Les taux de concentration de ces rejets tolérés par l’État sont très importants. Même dilué en chemin, le taux de sel est encore de 400 mg/l d’eau en arrivant à Metz alors que la limite de potabilité se situe à 250 mg/l.

Pourquoi la nanofiltration ?

Parce que la solution défendue par Metz qui était de transporter ces rejets salins par calcoduc de la Meurthe jusqu’au Rhin a été abandonnée par l’Agence de l’eau cet été, la Ville se voit obligée de régler elle-même le problème.

Pour dessaler l’eau, elle a investi dans une installation pilote de nanofiltration pour un coût de 120 000 €, subventionné en partie par l’Agence.

L’usine de Moulins-lès-Metz, qui a eu le marché, a mis au point la machine dont le principe est de presser l’eau à travers une membrane aux trous extrêmement petits pour retenir notamment les chlorures. Les tests sont en cours et vont durer une année. Les élus s’interrogent actuellement sur la dimension de l’usine à construire d’ici 2 020. Doit-elle traiter uniquement l’eau des abonnés ou aussi celle des collectivités qu’elle fournit en secours, soit dans ce dernier cas jusqu’à 450 000 personnes ? Doit-elle fonctionner ponctuellement ou en continu ? Le coût de l’investissement, de l’ordre de 15 M€ à 20 M€, est élevé. De même que son fonctionnement du fait de l’utilisation de pompes très puissantes. L’enjeu est donc de convaincre les collectivités utilisatrices, le Département, l’Agence de l’eau, voire les soudières, de participer à l’effort financier.

Céline Killé (Républicain Lorrain)

Un commentaire

  1. faut quand même faire des controles régulier de la pollution avant de boire l’eau des rivières

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