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Bientôt une clinique psychiatrique à Thionville


Le transfert de la psychiatrie de l’hôpital Beauregard à l’hôpital de Hayange a permis au CHR de redynamiser son service tout en profitant d’une opportunité immobilière. Mais il a créé un vide à Thionville. (Photo archives RL/ Julio Pelaez)

Un rapport remis à l’agence régionale de santé met en évidence « les incohérences » de l’organisation des soins psychiatriques dans le nord mosellan. Une structure privée d’environ 90 lits devrait voir le jour à Thionville.

Comme elle l’a fait l’an dernier en Meurthe-et-Moselle, l’agence régionale de santé (ARS) s’apprête à revoir l’organisation des soins psychiatriques dans le département de la Moselle. En janvier dernier, le directeur général de l’ARS, Claude d’Harcourt, avait nommé un comité des sages pour réaliser un diagnostic et faire des propositions.

Dans la lettre de mission, il avait notamment demandé aux sages de s’intéresser à l’offre de soins psychiatriques dans le nord mosellan, pointant « une incohérence notoire » : les patients thionvillois sont soignés au sein de l’hôpital de Hayange alors que les patients de Hayange sont envoyés au CHS de Jury. Cette situation existe depuis le transfert du service de psychiatrie du CHR de Metz-Thionville de l’ancien hôpital Beauregard vers l’hôpital de Hayange. Le zonage, lui, n’a pas évolué et prévoit toujours la prise en charge à Jury des patients domiciliés à Hayange.

Dans son rapport, sans contester le choix stratégique (et financier) du CHR, le comité des sages affirme que « l’absence de lieu d’hospitalisation psychiatrique à Thionville constitue un manque crucial pour la population. » « Un service d’hospitalisation distant des secteurs de domiciliation ne facilite ni l’accès aux soins pour les patients, ni leur autonomisation », estiment les spécialistes.

Le rapport pointe aussi une insuffisance de la capacité d’accueil des structures de soins psychiatriques existantes : un lit pour 5 276 habitants dans l’arrondissement de Thionville alors qu’il faudrait au moins un lit pour 3 200 habitants. Résultat : cette capacité d’hospitalisation insuffisante induit, pour les patients domiciliés dans l’arrondissement de Thionville, des hospitalisations récurrentes à Jury, voire à Sarreguemines, Nancy ou en Alsace. Et les rapporteurs sont très critiques : « Ceci présente sans aucun doute une perte de chance pour les patients concernés. »

Conclusion : le rapport recommande la création d’environ 90 lits supplémentaires dans le nord mosellan, et plus précisément à Thionville. Les sages écartent d’emblée la possibilité d’ajouter ces lits manquants à l’hôpital de Hayange : « l’hospitalisation de la population de Thionville uniquement à Hayange correspond au modèle des anciens « asiles psychiatriques » installés à l’extérieur des portes de la ville. Ceci n’est certainement pas idéal d’un point de vue d’une psychiatrie moderne, ancrée dans la cité, qui déstigmatise la psychiatrie et permet l’accès aux soins aux usagers le plus facilement possible. »

L’agence régionale de santé partage le constat du comité des sages. Elle a acté la nécessité de créer une nouvelle unité d’hospitalisation en psychiatrie à Thionville. Consciente que les hôpitaux publics n’ont pas les capacités d’investissement nécessaires, mais aussi parce qu’elle souhaite « diversifier l’offre de soins », l’ARS a décidé de confier la réalisation de cette unité à un acteur privé. Elle va prochainement lancer un appel à projets sur la base d’un cahier des charges en cours de rédaction. Selon nos informations, celui-ci devrait notamment imposer une double spécialisation adultes-adolescents.

Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)