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Au cœur du chantier autoroutier de l’A31


Quelque 1,5million d'euros, 13 000 tonnes d'enrobé bitumineux, 11 nuits de travail... Voilà ce qu'il faut pour rénover 4,5 kilomètres de l'A31.

Tous les soirs, depuis le 29 mai, dans le sens Nancy-Metz, l’A31 est envahie par un bataillon d’ouvriers et une noria de camions.

Vous les avez peut-être vus envahir l’A31 à une douzaine de kilomètres de Metz. Depuis le 29mai, toutes les nuits, un tronçon en réparation de l’une des autoroutes les plus fréquentées de France brille de mille feux. Crevant la nuit, des dizaines de gyrophares signalent la présence de dizaines de camions et de véhicules de chantier. Nous sommes allé voir cela de plus près.

C’est l’instant fatidique. Le moment où le danger vous frôle et la peur vous glace l’échine. Chaud, les fesses! 21 h 30 sur l’A31. Les poids lourds carburent. Il est l’heure pour la DIR Est de basculer la circulation sur une voie. Depuis 20 h, l’équipe de balisage d’Emmanuel Endrigo, qui en a vu des vertes et des pas mûres en une quinzaine d’années d’autoroute, est sur le goudron pour préparer le confinement d’une zone de chantier de six kilomètres entre Pont-à-Mousson et Metz. Elle doit être livrée à 22 h et sera rouverte à 5 h, 6 h maximum s’il y a eu des impondérables dans la nuit.

Au plus près du danger

La manœuvre est périlleuse. Les voitures déboulent. «Une fois, un conducteur a filé tout droit. Heureusement, c’était en pleine nuit…», raconte le chef d’équipe. Top départ! Un véhicule de la DIR Est a ralenti la circulation en amont. Une dizaine de bonhommes ont juste quelques secondes pour barrer la route, installer des cônes et se replier. Fait.

Désormais, les agents de la DIR Est passent la main au bataillon de techniciens et d’ouvriers du groupe Eurovia-Jean Lefebvre. À deux kilomètres de là environ, une cohorte se met en place. Un chantier autoroutier, c’est une armée qui se déplace avec hommes, munitions et blindés.

Couche de finition

Commencés le 29 mai, les travaux visent à renouveler douze centimètres de chaussée sur un tronçon de 4,5 kilomètres, dans le sens Nancy-Metz. «Durant six nuits, la route a été rabotée sur huit centimètres d’épaisseur, puis refermée avec du « grave bitume » pour que l’usager roule toujours au même niveau», explique Thomas Anselme, chef du district de Metz de la DIR Est.

Ce soir, il s’agit de poser une couche de finition de quatre centimètres sur 1,3 kilomètre à la vitesse de 5 mètres par minute. Il reste trois nuits pour terminer les opérations. Aujourd’hui, cette portion de l’A31 aura fait peau neuve.

Il faut faire vite, il est déjà passé 22 h. Une demi-heure de retard, Thomas Anselme s’impatiente : «C’est une course contre la montre. Les entreprises doivent être parties pour 5 h. On n’a pas beaucoup de marge le matin. Il faut à tout prix rouvrir l’autoroute à 6 h, à la fin du marquage avant l’heure de pointe de 7 h. L’objectif est de perturber le trafic au minimum. C’est impératif.»

Couture à la disqueuse

Finalement, tout se met en place après qu’on s’est assuré que la jonction entre la partie déjà rénovée de l’A31 et le morceau qui va l’être ne forme pas un bourrelet. Une découpe nette a été réalisée avant d’être nettoyée à grande eau. «Il s’agit de ne pas créer de rupture à la jointure, observe Thomas Anselme. Le conducteur ne devra pas sentir d’à-coup.» Un point de couture à la disqueuse thermique.

Au loin, les engins de chantier s’alignent dans la lueur des gyrophares et des lampes éblouissantes. Des ouvriers scintillants comme des lucioles pour être visibles dans la nuit surgissent de partout. On se prépare à accueillir le «finicheur», une machine de huit mètres de large qui va couler le bitume de la couche de roulement d’une traite sur une pellicule d’accrochage liquide aspergée au préalable.

Le temps de peaufiner le réglage du mastodonte au millimètre près, un chargeur s’avance, puis le premier semi-remorque de bitume. Il y en a 25 qui attendent derrière comme celui-là. La matière visqueuse et brûlante a été préparée et chargée à Mondelange. Tout se fait en flux tendu. Le bitume ne doit pas se solidifier, le «finicheur» ne doit pas s’arrêter, son alimentation doit être continue… Les compacteurs suivent le mouvement, ainsi que les marqueurs. C’est une chaîne sans maillon faible.

Une nuit à plein régime

«Une fois parti, il n’y a plus d’interruption possible. Il faut une coordination sans faille. Le marquage se fait dans la foulée», dit Thomas Anselme lorsqu’une violente détonation vient l’interrompre. Elle provient de l’autre côté de l’autoroute. Le pneu d’un poids lourd lancé à pleine vitesse vient d’exploser. Il a arraché son garde-boue qui cogne contre les bas de caisse de ses poursuivants. La patrouille de la DIR Est, mobilisée toute la nuit pour surveiller les abords du chantier, est appelée à la rescousse pour dégager le corps étranger. La nuit va être longue pour tout le monde.

Thierry Fedrigo (Le Républicain lorrain)