Après les époux Jacob, Murielle Bolle, personnage clé de l’affaire Grégory, demandera lundi à la cour d’appel de Dijon de l’autoriser à rentrer chez elle dans les Vosges, dont elle est tenue éloignée depuis sa mise en examen.
La demande de levée de son contrôle judiciaire sera examinée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon. Le 20 décembre, les magistrats avaient permis aux deux autres suspects de l’affaire, Jacqueline et Marcel Jacob, de se retrouver chez eux dans les Vosges après six mois de séparation dans le cadre de leur contrôle judiciaire.
Murielle Bolle, 48 ans, a été mise en examen à la fin juin. En 1984, alors adolescente, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche, cousin du père de Grégory, du rapt du garçon de quatre ans retrouvé mort dans la Vologne, avant de se rétracter.
Trois décennies plus tard, la justice la soupçonne désormais d’avoir participé au rapt mortel de l’enfant, tout comme les époux Jacob, tous deux septuagénaires aujourd’hui et qui auraient été les « corbeaux » de l’affaire. Des soupçons rejetés en bloc par la défense.
D’abord écrouée, Murielle Bolle avait été placée sous strict contrôle judiciaire début août, avec obligation de résider loin de son domicile. Hébergée dans la Nièvre, il lui est interdit de rentrer en contact avec la presse ou les protagonistes du dossier, mais elle peut voir son compagnon et ses enfants. Elle pointe deux fois par semaine auprès des forces de l’ordre.
Le procureur pourrait s’y opposer
« Je ne vois pas ce qui pourrait s’opposer à la levée totale du contrôle judiciaire de ma cliente, qui n’a jamais été ré-entendue depuis six mois et rien n’est rentré dans le dossier la concernant », estime l’un de ses avocats, Me Christophe Ballorin.
Mais le fait que Murielle Bolle n’a toujours pas été ré-entendue par la juge pourrait précisément jouer en sa défaveur : c’est la raison pour laquelle la chambre de l’instruction avait refusé, dans un premier temps, d’autoriser les Jacob à rentrer chez eux – ce qui leur fut accordé après un nouvel interrogatoire.
C’est la position du procureur général Jean-Jacques Bosc, qui s’opposera lundi à tout assouplissement du contrôle judiciaire de la suspecte.
Ses avocats ont déposé par ailleurs une requête visant à faire annuler sa mise en examen, assortie d’une question prioritaire de constitutionnalité touchant aux conditions de sa garde à vue en 1984, qui s’était déroulée sans avocat, la loi ne l’imposant pas à l’époque. Cette requête pourrait être examinée « dans les deux mois », d’après Me Ballorin.
Le Quotidien/AFP