Cinquante-huit demandeurs d’asile peuvent à nouveau être hébergés à l’hôtel Central, à Hayange. Fabien Engelmann estime que «cela n’a pas de sens».
Le préfet a décidé de réquisitionner l’hôtel Central de Hayange pour assurer l’accueil de demandeurs d’asile, alors que le maire, Fabien Engelmann, s’y opposait. L’établissement avait subitement fermé ses portes en juin dernier, par mesure de sécurité. Le service départemental en charge de l’hébergement d’urgence, le 115, avait décidé de reloger les 71 personnes qui y résidaient à la suite d’un avis défavorable de la commission de Sécurité.
Depuis, les travaux de mise en conformité ont été réalisés. Mais le maire de Hayange avait clairement manifesté sa volonté de ne pas voir l’hôtel rouvrir à des demandeurs d’asile. D’ailleurs, il avait pris un arrêté de fermeture administrative resté en vigueur. Et qu’importe le feu vert donné à nouveau par une nouvelle commission de Sécurité, il n’entendait pas y donner une suite favorable… alors que la situation est très tendue dans le département, qui manque cruellement de solutions de logement.
«La commission départementale de Sécurité et d’Accessibilité, dont le maire de Hayange est membre, s’est réunie le 9 janvier et s’est prononcée favorablement à la réouverture de l’établissement, notent les services de la préfecture, par communiqué. Le maire de Hayange avait latitude pour procéder à cette réouverture. Celle-ci n’ayant pas été effectuée, le préfet de la Moselle s’est substitué au maire pour autoriser la réouverture de l’établissement.»
«Personne ne s’en occupe»
Le préfet avait effectivement demandé à Fabien Engelmann de prendre toutes les mesures nécessaires à la réouverture des lieux, l’avertissant qu’il procéderait à une réquisition si le maire ne donnait pas de suite favorable… dans les 48 heures. Ce délai très court est passé totalement inaperçu en mairie de Hayange, et personne n’a réagi. Par contre, dès que ce délai s’est terminé, le préfet est passé à l’acte de plein droit en autorisant le placement de 58 personnes dans l’hôtel. La voie étant ouverte, ça n’a pas traîné puisque ces familles étaient attendues dès le soir même à Hayange.
«Tout ça n’a pas de sens , pointe toutefois Fabien Engelmann. Nous avons déjà notre lot de misère à Hayange, pourquoi tout est centralisé ici? » L’élu frontiste apprécie peu ce passage en force, même s’il n’a pas de recours : « En tout cas, je ne me rendrais pas complice de ça! On réquisitionne un hôtel pour placer des gens dont les dossiers seront rejetés à 80 % parce qu’ils viennent de pays qui ne sont pas ou plus en guerre depuis plus de dix ans! On les envoie ici et ils restent livrés à eux-mêmes, personne ne s’en occupe. Et s’il y a un problème le soir ou le week-end, c’est à nous de le régler… »
O. S. (Le Républicain lorrain)