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Abattoir dans le Pays-Haut : verdict après l’été


Grâce au potentiel d’abattage provenant des éleveurs du bassin de Briey, mais aussi du Luxembourg, le projet tient davantage la route. (illustration RL/Laurent Mami)

Des années qu’on en parle. Et voilà, nous dit-on, que le projet d’abattoir amorcerait la dernière ligne droite avant la phase de construction. Côté montage financier, ça collerait. Manquerait que le foncier.

Qu’est-ce qui a fait qu’au fil de l’eau, la machine semblerait se dégripper ?

Jean-Charles Louis, vice-président délégué au développement économique à la CAPFT :  Il y a un peu plus d’un an, j’ai reçu la visite d’un représentant de la coopérative luxembourgeoise Convis qui est venu me dire qu’il avait eu connaissance du projet, que le laboratoire d’Esch où elle se trouve allait fermer, et que notre projet l’intéressait. Eux travaillent pour les hypers Cactus, des bouchers. Je lui ai demandé s’il était prêt à entrer dans le capital, à s’impliquer dans l’exploitation. La réponse a été oui. Le second fait nouveau, c’est qu’il n’y a plus dans le Nord Moselle que l’abattoir Charal, qui a décidé de n’abattre que des bovins. Donc les éleveurs de porcs et d’ovins du pays thionvillois sont contraints d’aller à Sarrebourg ou en Allemagne pour faire tuer leurs bêtes. Entre la perte de temps sur la route, la qualité de la viande qui en pâtit du fait du déplacement, le sujet a donc refait surface à Nord Moselle + (les 6 EPCI du bassin de Thionville, NDLR), sous l’impulsion de Pierre Cuny.

Il a été question alors d’évoquer de quelle manière la boutique pouvait enfin tourner…

J’ai réfléchi à un autre modèle, de manière à ce que les intercos n’aient pas à mettre une somme aussi importante. Et surtout qu’elles ne soient pas impliquées dans l’exploitation. Du coup, l’idée est de créer une structure qui va investir, dans laquelle les 6 intercos mettent un ticket d’entrée, modeste, dans le capital. En fait, une société d’économie mixte que rejoindrait Convis. Le complément pour parvenir à boucler le financement de l’investissement proviendrait d’un recours à l’emprunt. En parallèle serait créée une société d’exploitation avec les éleveurs et Convis, qui s’est dite prête à y participer. Un loyer sera demandé aux exploitants pour rembourser l’emprunt.

Quelles sont les garanties que les exploitants peuvent vous apporter pour que l’abattoir soit viable ?

Premièrement, j’ai demandé à vérifier le potentiel d’abattage. J’ai redemandé à la chambre d’agriculture de refaire ce sondage auprès des éleveurs. Une donnée a changé car l’arrondissement de Briey y a été intégré. Il en ressort in fine un potentiel de 1 400 tonnes de bovins, porcs, porcelets, ovins, et caprins. La volaille vient en plus (65 tonnes), avec ses outils propres pour tuer et découper. Dans les discussions, le conseil départemental 54 s’est dit lui aussi intéressé par notre abattoir. Le périmètre des possibilités s’est agrandi avec la dimension transfrontalière qu’apporte le président du Groupement européen d’intérêt économique Eco-Trans-Faire, Bernard Lahure, éleveur meurthe-et-mosellan, qui a relancé l’abattoir de Virton en Belgique, et qui nous amène aussi des pouvoirs publics luxembourgeois. Le conseil départemental de la Moselle a signifié qu’il était lui aussi intéressé lors d’une réunion, à laquelle avait pris part un représentant sarrois.

Donc les doutes sont levés, le chantier peut démarrer…

On a demandé au cabinet Heres consultant de reprendre leur travail, pour estimer la faisabilité du projet, nous conseiller sur les modèles juridiques, chiffrer les aides possibles et le reste à emprunter, nous établir un business plan pour les deux structures et dresser une fiche technique du site. On s’est fixé un délai jusqu’à mi-juin, de manière à avoir un dossier complet après l’été. Et un premier coup de pioche début 2019. Reste toujours à trouver le terrain qui accueillera l’équipement. 3 hectares sont nécessaires. Pour l’heure, en réponse au président du Scotat, il n’y a pas eu beaucoup de propositions. Il est nécessaire que ce terrain ait un accès rapide sur les axes autoroutiers. Il faut que les intercos se prennent par la main et sachent s’ils veulent ou pas de cet outil.

Recueilli par Emmanuel Correia (Le Républicain Lorrain)

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