Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’État doit se prononcer, d’ici le 13 février, sur le projet d’A31 bis. Au-delà du réaménagement de Gye à la frontière Luxembourgeoise, la réalisation de deux tronçons (Gye-Dieulouard et traversée de Florange) soulève la polémique.
L’A31 bis verra-t-elle le jour ? Dans quelle version ? A quelle échéance ? S’il apparaît peu probable que le ministère des Transports enterre ce dossier qualifié de « prioritaire », le risque d’enlisement de la procédure reste, lui, une menace. Gérard Longuet, alors président de la Région, ne qualifiait-il pas déjà le projet de « nécessité absolue »… en 1992 !
Le débat public, l’an dernier, a eu le mérite de résumer l’enjeu. Chaque jour, 70 000 véhicules empruntent cet axe autoroutier, dont près de 10 000 poids lourds. Fluidifier le flux impose un réaménagement de l’itinéraire sur les 115 km entre Gye et la frontière luxembourgeoise.
Outre une mise à 2X3 voies de l’existant, la construction de deux nouveaux tronçons est envisagée : un barreau Gye-Dieulouard et une liaison A30/A31 à hauteur de Florange. Le coût global, estimé entre 1,1 milliard d’euros et 1,4 milliard d’euros, repose sur trois scénarios de mise en concession. Celui dit de la « concession réduite », concerne le barreau neuf entre Gye et Dieulouard. Mise en service espérée : 22 ans après la déclaration d’utilité publique du projet.
Le second scénario (« concession partielle »), d’un délai de 11 ans, prévoit de concéder Gye-Dieulouard et la section A30/A31 au droit de Florange jusqu’au Luxembourg. Enfin, le délai de mise en service pourrait être ramené à 6 ans grâce à une concession étendue sur tout l’itinéraire, sauf entre Fameck et Richemont.
Contournement ouest de Thionville
Au cœur de la controverse, le barreau Gye-Dieulouard et le contournement ouest de Thionville suscitent une levée de boucliers des riverains.
Concernant le premier point, la Commission nationale du débat public a mandaté une expertise complémentaire. Bouclée fin septembre, celle-ci exclut, en raison de son coût, l’alternative consistant en un élargissement à 2X3 voies de l’A31 à hauteur de Nancy. Les experts préconisent en outre de ne pas élargir le tronçon Dieulouard/Bouxières-aux-Dames afin de prévenir tout risque « d’étalement urbain ». Les mêmes jugent « prématurés » ou « trop importants » les travaux envisagés sur le barreau Gye-Dieulouard et entre Dieulouard/Bouxières et insuffisants entre Laxou/Bouxières « pour faire face aux besoins des 10 à 20 ans à venir ».
Au nord, l’option de la traversée de Florange fait sur place l’unanimité contre elle. Ce projet de contournement Ouest de Thionville (liaison A30/A31) prévoit l’emprise de zones pavillonnaires, une école et un collège. « Ce n’est pas une menace, mais je voudrais dire que si l’autoroute doit couper Florange en deux, le cauchemar de Florange deviendra le cauchemar de la Dreal et du gouvernement », tempêtait cet été un habitant lors d’une réunion publique.
Dans un courrier adressé le 2 février à Alain Vidalies, secrétaire d’État aux Transports, Michel Liebgott, président du Val de Fensch, plaide, avec Michel Decker, maire de Florange et les élus du secteur, pour une solution alternative. Parmi les suggestions : la création d’un barreau à l’Est de Thionville, via Yutz, franchissant la Moselle pour rejoindre l’A31 vers Hettange-Grande. Ou encore un contournement Ouest utilisant l’A30 avec doublement du tunnel de Hayange et du viaduc de la Chiers à Longwy. Du lourd, quoi qu’il en soit.
Xavier Brouet (Le Républicain Lorrain)
