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Poignardée à mort par son fiancé à Remich : l’incompréhension des proches


Sarah a été tuée de trois coups de couteau dans le thorax. Ce qui s’est exactement passé ce 24 juillet 2018, c’est ce que cherche à comprendre depuis mardi matin la 13e chambre criminelle. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

Pourquoi le jeune homme de 22ans a-t-il poignardé à mort sa fiancée le 24 juillet 2018 à Remich? Au deuxième jour du procès, l’incompréhension du côté des proches reste entière. Le souvenir d’un couple heureux est sur toutes les lèvres.

« Jamais je ne les ai vus se disputer. Ils étaient heureux, planifiaient leur avenir ensemble, prévoyaient d’avoir des enfants…» Que ce soit le frère, le père, la tante, deux amis, pas l’ombre d’une quelconque tension ne transparaît dans leurs témoignages livrés, mercredi après-midi, au deuxième jour du procès. Denis et Sarah vivaient leur amour. En témoigne également la vidéo tournée lors de la fête du 22e anniversaire de Sarah, deux jours avant le drame.

«Qu’elle veuille se séparer de lui, comme l’a prétendu Denis, cela ne colle tout simplement pas avec le reste du dossier», soulèvera la parquetière. Autre constat : si on part du principe que Sarah savait qu’elle était enceinte et que leur souhait était d’avoir des enfants, on ne se sépare pas…

Le souvenir d’un couple heureux est sur toutes les lèvres. Mais dès qu’on cherche l’explication sur ce qui s’est exactement passé le 24 juillet 2018 en fin d’après-midi, lorsque Denis a tué de trois coups de couteau sa fiancée dans leur appartement à Remich, le mystère subsiste… Les derniers mois, les derniers jours, les dernières heures… à tâtons la 13e chambre criminelle les a passés en revue avec les proches du couple. Quand on parle de Denis, on parle d’un «gentil garçon, souriant et aimable». Jamais il ne se serait fait remarquer par un comportement agressif.

«Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je me suis posé beaucoup de questions», indique le frère du prévenu. Il avait accouru dès qu’il avait reçu l’appel. Celui qui dit avoir d’abord pensé à une crise d’épilepsie avait finalement retiré à Denis le couteau qu’il s’était retourné contre lui-même. Il se souvient encore avoir sorti le petit chat du bain de sang de l’appartement. Quant à Sarah, elle gisait, inerte sur le sol de la cuisine. Un secouriste lui avait confirmé son décès.

«Mon fils était toujours heureux», se souvient le père de Denis. Même refrain au sujet de Sarah : «Elle ne s’est jamais plainte. Sarah était comme ma fille. Ce qu’il s’est passé, je ne sais pas.»

Présente dans le fond de la salle depuis le début du procès, la mère de Sarah a aussi tenu à prendre la parole mercredi. Beaucoup d’interrogations trottent dans sa tête. Visiblement émue, elle s’excusera pour ses larmes. «Tout le monde dit que Denis est gentil. Et qu’ils étaient heureux. Pourquoi donc a-t-il pété un plomb?» La quinquagénaire a du mal à croire qu’en l’espace de si peu de temps, on a pu en arriver là. Si l’enquête avait mis au jour certaines tensions avec sa fille Sarah, elle assure avoir «voulu le bonheur des deux amoureux».

La mère évoque le motif de la jalousie

Mais elle se faisait des soucis pour sa fille. Elle aurait aimé que Sarah travaille. Elle lui avait payé des études dans une école privée à Trèves. «Sarah avait des plans pour sa vie. Elle voulait travailler le matin et étudier le soir… Mais comme le diable le veut, elle a rencontré au mauvais moment la mauvaise personne… L’amour rend aveugle.» «Ce n’est toutefois pas l’impression qui ressort de son journal intime», remarquera la présidente.

Quand Sarah a été poignardée, cela faisait à peine deux jours qu’elle avait rétabli le contact avec sa mère. Elles devaient se retrouver quelque part pour parler. Comme motif du drame, la mère évoque la «jalousie» : «Il ne voulait pas que Sarah me contacte ainsi que sa sœur… Denis avait besoin de Sarah 24 h/24. Il voulait vivre avec…» Elle soulèvera encore aux juges qu’avant d’être en couple avec Denis, sa fille avait une centaine de contacts dans son portable. À la fin elle n’en aurait eu plus que quatre. «Mais si elle était heureuse?», suggère la présidente.

Recroquevillé sur le banc des prévenus, Denis aura gardé durant toute l’audience le regard plongé vers le bas, se cachant le visage avec les mains. En apprendra-t-on plus de ce qui a pu se passer dans sa tête au moment du drame, lors de l’audition de l’expert psychiatre? Rendez-vous vendredi matin pour la suite des débats.

Fabienne Armborst

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