Voie à sens unique

Attention à ne pas phagocyter toutes les énergies vitales des voisins ! Jeudi, les élus du Nord lorrain et de la région de Metz ont tiré la sonnette d’alarme. Le Luxembourg a chipé une grande partie de ses chauffeurs de car. Du coup, ce sont nos camarades vivant de l’autre côté de la frontière qui doivent adapter leurs réseaux de bus aux besoins de leurs habitants et de leurs élèves. On savait déjà que le Grand-Duché attirait les personnels de santé (infirmières, aides-soignants…), voici maintenant que la mobilité fait les frais de l’attractivité luxembourgeoise.

Industrie, recherche, artisanat, secteur Horeca, administration… la liste des secteurs qui débauchent et embauchent est longue chez nous. Et nos voisins ont du mal à s’adapter. Ils ne sont pas perdants pour autant, bien entendu, grâce au fort pouvoir d’achat des frontaliers. Mais il y a des effets pervers. Nous l’évoquons régulièrement dans nos colonnes, les prix de l’immobilier grimpent aussi de l’autre côté de la frontière. L’hôpital lorrain est en crise et maintenant des problèmes de mobilité viennent se greffer à ceux déjà existants. Il est difficile de trouver un équilibre quand on connaît la voracité du marché de l’emploi luxembourgeois. Impossible de suivre la locomotive grand-ducale et, pourtant, il va bien falloir que des chefs de gare règlent la cadence pour que le développement de la Grande Région se fasse plus harmonieusement.

En effet, des problèmes émergent de plus en plus et le bassin de vie qui nous lie tous (malgré la ligne tracée sur les cartes) commence à se fracturer. Il va falloir que ça change. Les rencontres entre le gouvernement luxembourgeois et les exécutifs locaux en Lorraine (ou ailleurs) ne semblent pas assez nombreuses. Ne parlons pas des réunions d’État à État. Il faut faire mieux, être dans le concret, plus particulièrement pour ceux vivant dans cette Grande Région qui subit de nombreuses mutations et pas seulement grâce (ou à cause) du Grand-Duché. Beaucoup a déjà été fait, mais il faut aller encore plus loin car ce qui se passe au Grand-Duché a certes un effet chez nos voisins… mais l’inverse est également vrai.