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Vivement la prochaine crise

Une chose qu’on ne peut pas enlever à Donald Trump, c’est qu’il essaie de tenir ses promesses de campagne. Hélas, parfois avec succès. Mettre à mal l’accord de Paris? Seul contre tous, Donald l’a fait. Prioriser les emplois plutôt que l’environnement? Il a signé en mars un décret visant à relancer les milliers d’emplois perdus dans l’industrie du charbon, car l’énergie fossile, c’est l’avenir.

Faire don de son salaire de président? Le brave homme a effectivement versé ses premiers salaires au service des Parcs nationaux (bref, au gouvernement). Bon, ce n’est pas comme promis à une association caritative choisie par les citoyens, mais ne soyons pas tatillons, ce sera quand même 78 333,32 dollars qui ne rejoindront pas sa fortune estimée de 3,7 à 4,5 milliards.

La liste est encore longue, mais ces derniers jours, c’est sa promesse d’atomiser la loi Dodd-Frank qui fait trembler le monde – et rêver les banquiers américains. Adoptée en 2010, cette série de réglementations bancaires et financières visait à mieux encadrer les instruments financiers au cœur de la crise des subprimes, à protéger les consommateurs contre les crédits abusifs, et à mettre un terme à la menace des banques «too big to fail» (trop grosses pour faire faillite). Or, pour Trump, ces dispositions s’opposent à la doctrine ultralibérale estimant que les financiers et les spéculateurs savent mieux que quiconque jauger les risques.

Un dangereux gauchiste – Obama – avait refusé de les croire sur parole, mais Trump boit ce discours comme du petit-lait. Jeudi dernier, son camp a fait passer un projet de loi, qui attend encore le feu vert du Sénat pour permettre aux citoyens de regagner pleinement leur rôle de vaches à… pardon, de contribuables impatients de sauver les banques.

Et au pire, Trump pourra toujours compter sur son secrétaire d’État au Commerce, Wilbur Ross. Celui qu’on surnomme le «roi des faillites» a accumulé une fortune grâce au rachat et la revente d’entreprises en faillite… dont des banques après la crise de 2008. Sûr donc qu’il en connaît un rayon, et qu’on pourra compter sur lui lors de la prochaine crise causée par ces empêcheurs de déréguler en rond.

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)