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Victimes de la mode

Tapis Hertz quitte le centre-ville de Luxembourg. L’an passé, c’était la quincaillerie Gilbert et la bijouterie Kass-Jentgen et Fils. Le magasin Mill-Shoes fermait ses portes au printemps. Avant eux, les chaussures Wirtz, la boutique Ackermann et beaucoup d’autres commerces traditionnels luxembourgeois. Comme les autres, la boutique sera sans doute remplacée par une chaîne internationale. L’angle de la rue des Capucins et de la Grand-Rue se fondra dans le décor de plus en plus impersonnel de l’artère principale du centre-ville.

Grand-Rue de Luxembourg, rue Neuve à Bruxelles, l’avenue des Champs-Élysées à Paris, les Ramblas à Barcelone, même combat. Des loyers tellement élevés que seuls les grands groupes de prêt-à-porter de masse peuvent s’y installer et des centres-villes qui finissent par se ressembler comme les femmes et les hommes qui portent les vêtements vendus par ces marques. Cachées derrière des enseignes lumineuses aux noms féminins ou à esperluette, ainsi que des façades singeant un classicisme à la française pour attirer les gourmands persuadés d’être au sommet du style en dégustant des macarons industriels, les rues perdent de leur caractère et de leur attrait. Entre la Grand-Rue, la rue de la Gare ou une galerie commerciale, l’unique différence est que l’une est couverte et dispose de plus d’emplacements de stationnement.

Les commerçants luxembourgeois installés de longue date et faisant figure de références sont en voie de disparition et c’est bien dommage pour la qualité des produits et du service. Le client n’était pas un anonyme parmi tant d’autres venu acheter des marchandises (fabriquées) à la chaîne et qu’on traite avec dédain ou que l’on bouscule. Il régnait une véritable vie de quartier au centre-ville. Une ambiance de jour de marché un peu désuète que les nouveaux modes de consommation et une classe moyenne en diminution ont effacée.

Pour finir, les touristes ne sont plus dépaysés et les citadins ont une impression de déjà vu quand ils visitent des artères commerciales à l’étranger. Dommage.

Sophie Kieffer

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