L’homme n’écoute personne. Ni les voix qui s’élèvent pourtant dans son propre pays, l’accusant de laisser traîner la guerre en longueur, ni celles qui grondent de plus en plus fort à l’international face au désastre «injustifiable». Y compris aux États-Unis, alliés d’Israël, où Joe Biden juge «excessive» la réaction militaire engagée depuis quatre mois. Si l’État hébreu était en droit de répondre au Hamas après l’attaque du 7 octobre, Netanyahu s’est lancé dans une vengeance aveugle. Sous prétexte d’éliminer le mouvement islamiste palestinien, il s’acharne sur Gaza, son souffre-douleur. Devenue un vaste cimetière, rempli de victimes civiles. D’enfants ou de vieillards tués sans le moindre tremblement. Le décompte macabre fait état d’au moins 28 000 vies emportées. Le carnage est probablement plus grand encore, estiment les observateurs du conflit.
Le sang coule sur la terre brûlée par le feu incessant des bombardements. Pas question de stopper l’hémorragie. Le Premier ministre s’obstine au contraire à vouloir donner l’assaut sur la ville de Rafah, à la frontière égyptienne, où s’entassent plus d’un million de déplacés dans des conditions déjà terribles. Déshumanisés, privés de leur dignité et des ressources les plus élémentaires. L’aide indispensable parvient péniblement jusqu’à ces oubliés, condamnés à un péril certain. Des «innocents qui meurent de faim», a rappelé le président américain.
Le manque de nourriture, entre autres, pousse à bout la population prise au piège. Si les médias n’ont pas ou si peu accès au petit territoire assiégé et quasiment réduit en cendres, les humanitaires, eux, y sont bien présents. Témoins d’un effroyable spectacle, dont ils décrivent le caractère insoutenable. Chaque jour, leurs yeux s’ouvrent sur des scènes de chaos et se ferment sur le désespoir. Dans les hôpitaux à l’agonie, où les blessés comme les malades ne peuvent plus se faire décemment soigner. Dans les rues de villages dévastés, où règne une violence inouïe. Où le voleur d’un œuf ou d’un morceau de pain finira lynché par les autres indigents. Les esprits se nourrissent de haine quand les ventres sont vides. Une situation tragique qui écœure tout être doué de sensibilité. Sauf Netanyahu.
Alexandra Parachini