La bourgmestre Lydie Polfer a pu jubiler, hier, lors du traditionnel «City Breakfast». Oui, le déploiement massif de policiers a amené une «accalmie». Peu ou point de mendiants «agressifs» seraient ainsi encore présents dans les rues de la capitale.
L’effet dissuasif de l’interdiction de la mendicité (simple et organisée, rappelons-le) aurait fait ses preuves, en dépit d’un bilan comptable médiocre, après plusieurs actions coups-de-poing.
Selon le bilan du ministère des Affaires intérieures, seuls trois procès-verbaux ont été dressés par les centaines d’agents mobilisés, y compris un effectif d’enquêteurs de la police judiciaire. En tout, 886 personnes ont été contrôlées.
Le bilan, au-delà du volet mendicité, est de 192 infractions au code de la route et de 24 procès-verbaux liés à la possession ou au trafic de stupéfiants. Point plus «positif» : les 197 injonctions à libérer des entrées de bâtiments, sur la base du «Platzverweis light» tant décrié par le CSV et sans lien aucun avec le dispositif anti-mendicité.
La «victoire» célébrée, hier, par Lydie Polfer et son collège échevinal est donc trompeuse. La députée-maire du DP a dû l’admettre elle-même en annonçant que la situation sécuritaire dans le quartier Gare ne s’était pas vraiment améliorée. Pire, le trafic de stupéfiants se serait délocalisé dans d’autres endroits, notamment autour de la place de l’Étoile.
Le même effet est d’ailleurs à constater pour la mendicité, avec des personnes qui font la manche devant des supermarchés ou carrément sur les boulevards d’entrée de la Ville. Mais, encore une fois, pour contrer ce genre de comportements, il n’était pas nécessaire de mettre en place un dispositif anti-mendicité ayant mené le Grand-Duché au bord d’une crise institutionnelle.
Au moins, la bourgmestre admet-elle aujourd’hui que la lutte contre la toxicomanie ne peut pas être résolue par le seul déploiement de policiers. Une concertation renforcée avec les acteurs sociaux est envisagée.
Il s’agit de la première décision sage depuis le début du virage répressif mené par le DP, avec le concours du CSV. Cette bonne intention doit aussi s’appliquer envers les mendiants, qui, selon les propos du ministre Léon Gloden, devraient, en ce début de printemps, revenir de leurs «vacances à Venise»…
Les propos niais de notre ministre de l’intérieur s’accordent à merveille avec ceux énoncés par son ami de parti allemand qui prétend que les demandeurs d’asile viennent en Allemagne « pour se faire faire les dents ».
Tous deux portent toujours le C dans leur nom de parti…