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Une partie d’échecs

Depuis des semaines, le dossier Google est au cœur de beaucoup de conversations dans le pays, même si pour le moment, dans la mesure où rien n’est signé, rien ne semble confirmer que le géant de Mountain View ait décidé de poser ses valises au Grand-Duché. Mais ce qui est intéressant à décrypter, ce sont les différents rapports de force au sein du gouvernement, notamment celui entre Étienne Schneider et Xavier Bettel. Selon les murmures de la capitale, il y a comme de la friture sur la ligne entre les deux hommes forts du gouvernement. Une bisbille qui n’est pas anodine à un an des législatives. La politique est une partie d’échecs où l’anticipation est une arme redoutable. Le dossier Google et son milliard d’investissement seront un atout certain au moment de faire le bilan quelques semaines avant les élections.

Pour comprendre l’importance de la manœuvre, il faut se plonger dans le contexte électoral du pays. Le principal parti de l’opposition, le CSV, est pour le moment favori dans les sondages et le trio DP-LSAP-déi gréng n’affiche plus la même sérénité qu’il y a trois ans. En effet, le DP est de plus en plus attaqué et le LSAP d’Étienne Schneider semble viser le poste de Premier ministre. Seul bémol, les socialistes savent qu’ils devront s’allier pour gagner face au CSV. Reste à savoir si le DP, qui joue actuellement les premiers rôles, acceptera d’être relégué au second plan en s’alliant, encore une fois, au LSAP tout en laissant les commandes, donc le poste de Premier ministre, à Étienne Schneider. Pour faire pencher la balance, tant Xavier Bettel qu’Étienne Schneider veulent capitaliser sur des dossiers grands publics, comme celui de Google.

D’ailleurs, le prochain voyage du Premier ministre en Californie, dans moins de deux semaines, n’est pas anodin. Étienne Schneider s’est pris les pieds dans le tapis en communiquant un peu trop tôt sur le dossier Google. Et Si Xavier Bettel est de retour de Californie avec une signature de Larry Page, le patron de Google, il aurait tort de ne pas revenir dans le costume de l’homme ayant sauvé la situation, autrement dit, d’afficher une victoire sur Étienne Schneider.

Jeremy Zabatta