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Une histoire de goût

La nouvelle étonne. Elle peut prêter à sourire et pourtant… Les bouchers-charcutiers français ont demandé, lundi, la protection de la police ! Ils ont fait cette demande très officiellement auprès du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, preuve du malaise et de l’inquiétude qui envahissent la profession.

En effet, de nombreux commerces ont été attaqués par des militants véganes anti-viande. Et on ne parle pas ici que de tags injurieux sur les devantures des commerces mais d’actes de violence : des vitrines ont également été brisées lors d’actions nocturnes. Ainsi, dans les Hauts-de-France (nord de la France), pas moins de sept boucheries ont été aspergées de faux sang en avril, une boucherie et une poissonnerie ont été vandalisées, leurs vitrines brisées et les façades taguées de l’inscription «stop au spécisme».

Précision : les antispécistes s’opposent à toute hiérarchie entre espèces, notamment entre l’être humain et les animaux. Les représentants des 18 000 artisans bouchers-charcutiers ont donc voulu tirer la sonnette d’alarme devant ces actes de violence et d’intimidation envers certains de leurs membres en s’adressant directement au gouvernement français. Autre exemple de ce militantisme exacerbé : après les attentats de Carcassonne, une sympathisante végane avait également posté des messages injurieux sur les réseaux sociaux. Un boucher avait été tué dans cette attaque terroriste et cette adepte végane avait écrit : «Ben quoi, ça vous choque un assassin qui se fait tuer par un terroriste ? Pas moi, j’ai zéro compassion pour lui, il y a quand même une justice.» Elle avait été condamnée à sept mois de prison avec sursis pour «apologie du terrorisme».

Ces phénomènes, même s’ils sont très marginaux, concédons-le, interrogent néanmoins sur nos sociétés et le rapport entre les membres qui la composent. La moindre différence semble être aujourd’hui un étendard à défendre coûte que coûte et tous ceux qui ne s’y rallient pas peuvent faire l’objet de violentes représailles. Toutes les causes sont bonnes, aussi futiles soient-elles. De mauvais augure pour la cohésion de notre monde.

Laurent Duraisin