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Une histoire belge

Dès les premiers pas d’indépendance du Grand-Duché, il s’est avéré que les frontières nationales délimitent un marché domestique trop réduit pour pouvoir servir de base au développement d’une économie performante.» Le Conseil économique et social (CES) dresse ce constat dans son avis du 5 décembre 1991 sur la reconduction de l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL). Allié au «Zollverein» allemand (1842-1918), le Luxembourg s’est d’abord tourné vers la France pour conclure une nouvelle union douanière. En vain. Il ne restait donc plus que la Belgique afin d’intégrer un espace économique plus vaste.

Au moment de signer la convention instaurant l’UEBL, le 25 juillet 1921, le Luxembourg était encore un pays assez pauvre, meurtri par la Première Guerre mondiale. Sans sa volonté de vouloir lâcher des attributs de sa souveraineté, le Grand-Duché n’aurait jamais réussi à écrire son histoire à succès qui allait suivre. La Belgique se trouvait dans une position semblable. Même si ce ne fut pas le premier choix du gouvernement, aussi bien le Grand-Duché que le Royaume ont pu tirer profit de cette union à la base économique, devenue monétaire par la suite avant d’être reconduite en 2002 sous forme d’une coopération politique renforcée.

Le grand public va surtout se rappeler la parité du franc belge et du franc luxembourgeois, un des acquis les plus tangibles de l’UEBL. Mais comme le souligne le chercheur Dr Franz Clément dans nos colonnes, cette union économique et monétaire a aussi été une étape marquante dans la construction européenne. Il en va de même pour le Benelux, formé en 1944 avec le concours des Pays-Bas. Ces «ancêtres» de l’UE sont honorés jusqu’à aujourd’hui dans les traités européens. Un article spécifique du traité de Lisbonne autorise ainsi noir sur blanc à ce que la Belgique et le Luxembourg continuent à entretenir leur «union régionale».

Aujourd’hui, un nouvel élan doit être donné à l’UEBL centenaire, notamment sur le plan de la santé et de la défense. Un accord sur la question de la fiscalité sera, lui, plus compliqué à trouver. L’histoire belge, entamée en 1921 par le Luxembourg, devrait toutefois être assez solide pour continuer à rester un exemple européen.

David Marques

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