Il aura suffi de l’ouverture de quatre drives d’une célèbre enseigne de fast-food pour comprendre toute la complexité du déconfinement. Jeudi, des files de voitures se sont constituées devant ces «McDrive» et la police a même dû intervenir pour remettre un peu d’ordre sur la route. Un comble alors que les habitants du pays sont invités à rester chez eux à cause de la crise du coronavirus.
Il faut dire que les semaines ont été longues et que la frustration commence à devenir difficilement tolérable chez beaucoup d’entre nous. Envie de reprendre une vie normale, de faire un tour dehors quand cela nous chante, d’aller boire un café en terrasse, de rencontrer des amis au cœur d’une rue piétonne noire de monde, de rendre visite à un proche (très âgé ou non), d’assister à un concert, de lire un livre sur un banc, d’aller à la piscine faire des longueurs, de se faire un petit restaurant, d’aller croquer dans un hamburger parce que c’est bon et parce que nous avons le droit de faire ce que nous voulons… tous ces petits plaisirs de la vie ont disparu durant ce confinement qui n’en finit plus. Mais, répétons-le, il faut tenir bon, car sinon, c’est bien simple, l’épidémie va progresser et des gens vont mourir.
Avec cette crise, beaucoup estiment que nos sociétés vont changer, que les habitants une fois dehors se recentreront sur l’essentiel et exploreront de nouvelles manières de consommer, appréhenderont la vie ou le monde du travail différemment. Oui, peut-être pour certains, mais ne rêvons pas. L’immense majorité des personnes actuellement collées à la vitre de leur fenêtre en regardant les rues désertes ne souhaitent qu’une chose : retrouver leur vie d’avant, tout simplement, avec ses tracas, ses joies et ses travers. Ce retour à la normale n’est pas pour tout de suite, loin là. Les autorités auront fort à faire pour canaliser cette envie de normalité alors que les prochains mois s’annoncent encore cruciaux pour vaincre la pandémie. Il va falloir faire preuve d’une grande pédagogie. Ce n’est pas gagné.
Laurent Duraisin