La crise inédite que nous vivons doit servir. Il faut trouver en chaque crise ce qui permet d’améliorer les choses. Et plus la crise est forte, plus la société doit en retirer des bénéfices. C’est le pragmatisme des optimistes. D’ailleurs, depuis des mois, le monde s’évertue à penser le «monde d’après».
Ainsi, l’exemple du télétravail est assez parlant. Avant la crise, le télétravail était une exception à la règle, presque un avantage en nature. Aujourd’hui, le télétravail est massif et même imposé. Dans un premier temps, travailler depuis son domicile a été une solution «facile» à mettre en place rapidement. Cela a également été une solution «simple» pour permettre de continuer une activité tout en se protégeant du Covid-19. Une solution provisoire et limitée dans le temps. Seulement, le virus a décidé de rester encore un peu parmi nous. Le provisoire est devenu durable. Un durable qui n’a pas été pensé en profondeur. Car le télétravail est inégal. Dans sa globalité, il y a des avantages (moins de temps de trajet, moins de bouchons, moins de pollution, plus de flexibilité), mais il possède une face sombre. Le télétravail est inégal puisque personne n’est logé à la même enseigne. Un employé de bureau pourra facilement travailler depuis la maison quand un employé en charge du nettoyage ne le pourra pas. Chaque salarié n’a pas non plus la place pour s’aménager un espace de travail à domicile (au prix du mètre carré au Luxembourg, difficile de voir son employeur profiter gratuitement de 5 à 10 m2 de son logement). Il est également plus difficile de séparer les sphères privée et professionnelle. Bref, le télétravail doit être repensé en profondeur pour qu’il devienne un instrument moderne et équitable du monde du travail. Dès lors, il faudrait penser à récompenser le télétravail avec par exemple une prime pour l’aménagement d’un coin bureau à domicile ou des bons d’achat dédiés à cela. Il faudrait également un encadrement législatif plus précis de la pratique. Il ne faudrait pas oublier ceux qui renoncent à télétravailler pour le bien de l’entreprise.
Jérémy Zabatta