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Un sursis pour Kiev

La guerre à Gaza et, plus récemment, l’attaque de l’Iran sur Israël sont venues éclipser la guerre en Ukraine. La percée de l’armée russe n’a ainsi pas vraiment été enregistrée. Les appels à l’aide de plus en plus désespérés du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n’ont pas réellement permis de changer la donne.

On est même dans le droit de se demander si les messages envoyés par Kiev sont pris suffisamment au sérieux par les chefs d’État et de gouvernement. Car, à part de belles promesses, très peu de choses concrètes se passent sur le terrain. Autrement dit, les livraisons d’armes, plus urgentes que jamais, peinent toujours autant à arriver.

Le déblocage intervenu, samedi à Washington, pour le paquet de soutien de 61 milliards d’euros a eu le don de remonter un tant soit peu le moral des Ukrainiens. Il est à rappeler que l’UE avait, en février, validé un paquet de 100 milliards d’euros destiné à l’Ukraine.

Mais le problème demeure encore et toujours la lenteur pour fournir notamment les batteries de défense aérienne, indispensables pour contrer les attaques incessantes de drones russes sur les infrastructures critiques de villes ukrainiennes situées non loin du front de guerre.

Pendant ce temps, les troupes de Poutine grignotent du terrain. La crainte est désormais que les forces russes puissent conquérir Kiev avant la fin de cette année.

Mais en dépit de l’urgence de la situation, aucune annonce concrète n’a été faite, hier, après la réunion, à Luxembourg, des ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense. Seul «acquis» : la multiplication des déclarations de soutien à l’Ukraine.

«Maintenant que vous êtes tous là autour de la table, il est temps d’agir et non de discuter», a pourtant lancé le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, dans une intervention en visioconférence.

Il est primordial de mettre enfin un terme aux tergiversations du côté des États-Unis, mais aussi des alliés européens de l’Ukraine. La relance de l’aide américaine offrirait, selon l’experte allemande Claudia Major, tout au plus un an de sursis à Kiev.

Clamer la solidarité est bien. Fournir rapidement des armes et munitions est crucial. Faute de quoi, l’horizon s’assombrira sensiblement pour le Vieux Continent.