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Un peu de sobriété

Oubliés, les vœux pieux et les bonnes résolutions du premier de l’an. C’est déjà trop tard. L’heure est à la rédemption et surtout à la modération, ainsi soit-il. Avis de sécheresse en ce mois de janvier. «Dry January», à prononcer avec l’accent british puisque c’est du royaume uni autour des pubs que nous vient cette tradition. Un défi, plutôt, que chacun est invité à relever. Mais se jeter à l’eau pour se mettre au sec requiert autant d’habileté qu’à lever le coude. Difficile de passer entre les gouttes et résister au culte de l’apéro. Foie inébranlable en ce rite le plus sacré qui soit. Spiritueux sanctifié. L’alcool, on l’a dans le sang. Dans les dîners en ville, peuplés d’alcooliques mondains. Dans les cellules de dégrisement, peuplées d’alcooliques notoires. Dans les séries télé, peuplées d’héroïnes débordées qui ne crachent jamais sur un petit chardonnay après l’ivresse d’une journée pleine de rebondissements. Prendre un verre est toujours à portée de main. D’ailleurs, rappelle Miossec dans sa chanson, «les bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement». Ingénieuse invention, du reste, quand on ne maîtrise pas la technique du briquet.

C’est bien tout le problème, au fond : comment échapper aux excès dans une société qui glorifie presque la consommation et nous pousse à descendre le calice jusqu’à la lie. L’alcoolisme ne détruit ni n’emporte pas moins de vies que n’en consume le tabagisme. Pour autant, les images choc ne s’étalent pas sur les bouteilles et les prix, déjà loin d’être prohibitifs, ne flambent jamais. Les pouvoirs publics nous paient leur tournée générale de slogans, aussi ridicules qu’inutiles. «Tu t’es vu quand t’as bu?» Oui, c’est justement ça le plus drôle. «L’abus d’alcool est dangereux pour la santé». Sans blague. Alors bien sûr, il faut le souligner, celui qui conduit c’est celui qui ne boit pas. Mais celui qui ne boit pas, c’est souvent celui que l’on regarde comme une bête curieuse. Et qui a eu cette idée folle d’une fête sans alcool? Finalement, le plus grand défi du «Dry January», c’est de réussir à le faire sans pression… sociale.

Alexandra Parachini

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