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Un Parlement en miettes

La mobilisation de Martin Schulz n’aura finalement pas suffi. Hier soir, les membres du SPD étaient K.-O. après avoir subi un revers historique aux élections législatives. Les sociaux-démocrates allemands, qui gouvernaient depuis 2013 en coalition avec les conservateurs d’Angela Merkel, ont annoncé dans la foulée des résultats qu’ils ne pouvaient plus être un partenaire et qu’ils entraient dans l’opposition.
Le SPD n’a pas convaincu et les visages se sont crispés au fil de la journée avant le coup de tonnerre des résultats. C’est la crise, il va falloir changer pour tenter de remonter dans les scrutins, car le poids du parti se réduit élection après élection.

Mais la CDU d’Angela Merkel n’a pas pour autant exulté de joie. La chancelière a remporté ces élections sans surprise. Une évidence, elle était en effet la grande favorite des sondages. C’est toutefois une victoire à la Pyrrhus. Au-delà de perdre son partenaire de coalition, la CDU/CSU a enregistré le plus mauvais résultat de son histoire… comme pour le SPD.
Selon les analystes politiques, les membres du parti visaient une victoire à hauteur de 40 % des suffrages au moins… cela tournera plutôt légèrement au-dessus des 30 %. Reste à savoir avec quel parti la CDU pourra faire une coalition dans ce Parlement «émietté», comme l’indiquait l’Agence France- Presse.

Hier soir, c’est un autre parti qui a pu déboucher les bouteilles de champagne (ou plutôt de bière made in Germany). Il s’agit de l’AfD. Le parti a réussi la percée qu’il attendait en obtenant 13 % des voix. Il aura, selon les prévisions, environ 90 députés.
L’Allemagne, elle aussi, cède ainsi finalement aux sirènes populistes, aux postures nationalistes soi-disant antiestablishment et à l’euroscepticisme. Le ver est-il dans le fruit? Voir ce type de parti revenir en force au sein d’un Parlement allemand est une douleur.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a longtemps été un espace de résistance face aux idées xénophobes et révisionnistes. Aujourd’hui, les digues érigées contre ce nationalisme depuis les dernières décennies semblent s’effriter.

Laurent Duraisin

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