Non, on ne peut pas réclamer au bout de moins de deux semaines des miracles de la part du nouveau gouvernement. Le même principe vaut pour le chiffrage des mesures que comptent prendre le CSV et le DP dans les cinq ans à venir.
Il faut néanmoins constater que le flou est important sur bon nombre de points essentiels, ce qui pourrait mener à des tensions au sein de l’exécutif, mais aussi entre majorité et opposition. Le citoyen risque également de perdre le fil, après une campagne électorale marquée par d’importantes promesses.
Hier matin, le ministre Gilles Roth, en fonction depuis dix jours, s’est présenté une première fois devant les députés de la commission des Finances. Invité sur le plateau de RTL jeudi dernier, Marc Spautz, le chef de fraction du CSV, avait annoncé du concret pour cette réunion parlementaire. Il n’en a rien été, comme sont venus le déplorer les élus de l’opposition.
L’ancien député-maire de Mamer se serait contenté de présenter une nouvelle fois le contenu brut du programme gouvernemental, à l’image de ce qu’a fait le Premier ministre, Luc Frieden, lors de sa déclaration devant la Chambre, il y a pile une semaine. Pourtant, le successeur de Xavier Bettel avait promis de «mettre en musique» l’accord de coalition en livrant de plus amples détails.
La stratégie adoptée par le gouvernement conservateur-libéral d’inscrire uniquement les grandes lignes de sa politique sur les 209 pages de l’accord de coalition peut interpeller. Ce constat vaut plus particulièrement pour le paquet fiscal, censé à la fois offrir plus de pouvoir d’achat aux ménages, relancer le marché de la construction de logements et renforcer la compétitivité des entreprises.
Or, à ce stade, on ne sait rien sur l’ampleur de la réduction de l’imposition des petits et moyens revenus, ni sur la teneur des mesures fiscales pour le logement (amortissement accéléré, plus-values, intérêts débiteurs, etc.) ou des allègements fiscaux pour les PME.
Tout cela est encore matière à négociation entre le CSV et le DP, mais aussi avec les acteurs de terrain. Si le principe de vouloir dégager des consensus est bon, on ne peut pas en vouloir à l’opposition de reprocher au gouvernement de prendre un pari (risqué) sur l’avenir.