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Un monde où les homos…

Des prisons secrètes. Des homosexuels enfermés, rackettés, violés, torturés. Parfois jusqu’à la mort.

Bienvenue en République de Tchétchénie. En 2017. L’affaire a été révélée la semaine dernière par un journal russe. Une centaine de détenus s’entasseraient actuellement dans d’étroites cellules crasseuses. Trois seraient décédés des sévices infligés par leurs geôliers, entre autres viols avec des bouteilles et des bâtons ou décharges électriques pour les pousser à dénoncer les autres. On est toujours en 2017, rappelez-vous.

En réponse à ces accusations, le gouvernement tchétchène a fait court : rien de tout cela n’est vrai, pour la simple raison que «l’homosexualité n’existe pas chez nous». Bien sûr. Et les expéditions punitives pour «casser du pédé», ça n’existe pas non plus. Pas plus que ces jeunes livrés à la rue, répudiés pour avoir déshonoré leur respectable lignée.

Des ONG ont sonné l’alerte et si des rassemblements de soutien aux personnes LGBT ont eu lieu ces derniers jours, notamment à Paris, l’appel n’a trouvé que très peu d’échos. Parce qu’on vit dans un monde où échanger des photos pédopornographiques sur internet heurte certainement moins les consciences qu’échanger un baiser gay ou lesbien en public. Parce que d’aucuns en sont encore à penser qu’un violeur récidiviste s’est égaré dans une société pleine de tentations, tandis que les homos ont choisi la déviance. D’ailleurs, ceux qui sortiront, vivants, de ces camps tchétchènes devront faire pénitence, expier leur «péché» et tout «avouer» à leurs familles.

Avouer. Comme si c’était un crime. Comme si tout n’était qu’une histoire de sexe. Comme si aimer et partager était l’apanage des seuls couples hétéros. On vit dans un monde sans cœur et sans raison, où la condition humaine peut être bafouée à l’envi. Traquée jusque dans son intimité. Un monde où les homos doivent toujours se cacher pour vivre libres et éviter les regards emplis de haine. Un monde où ils peuvent crever au vu et au su de tous, sans que ça ne fasse sourciller personne.

Alexandra Parachini

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