Le ministre du Travail, Georges Engel (LSAP), ne le cache pas : «Après la pandémie, on a été un peu écrasé par la demande croissante pour le télétravail.» En effet, le confinement et les autres restrictions sanitaires ont obligé les employeurs et leurs employés, mais aussi les salariés plus réticents, à passer, du jour au lendemain, au travail à distance à grande échelle.
Le succès a été tel que bon nombre d’employés, en tête des frontaliers, font toujours de la résistance pour revenir au bureau, en dépit d’un cadre fiscal clair. Les salariés non résidents sont depuis l’été dernier à nouveau contraints de respecter des seuils de tolérance négociés entre le Grand-Duché et ses pays voisins. Le gouvernement luxembourgeois est tributaire des décisions prises à Bruxelles, Paris et Berlin.
Si les mentalités changent sur le marché du travail, les choses commencent, néanmoins, aussi à bouger dans le camp politique. Hier, la Chambre des députés s’est déclarée – à l’unanimité – favorable à deux jours de télétravail par semaine pour tous les salariés, résidents et frontaliers confondus.
C’est la première fois que des élus luxembourgeois prennent aussi clairement position. Ils reprennent ainsi à la lettre, après deux années de consultations, la position défendue à la fois par les syndicats et le patronat. Cette unité tripartite est rare. Elle risque toutefois d’être insuffisante pour convaincre, à court terme, les pays voisins de faire des concessions supplémentaires.
Après la pandémie, la Belgique (29 jours), la France (24 jours) et l’Allemagne (19 jours) ont accepté, à tour de rôle, de passer à un seuil de 34 jours pour les frontaliers résidant dans leurs pays respectifs. Le chemin pour arriver aux 90 jours, nécessaires pour télétravailler deux jours par semaine, est encore long et sera semé d’embûches.
Une nouvelle donne est le récent accord européen, permettant désormais aux frontaliers de prester 49 % de leur temps de travail à distance, sans être désaffiliés de la sécurité sociale luxembourgeoise. Ce seuil se rapproche de l’objectif des deux jours par semaine.
Il y a cependant fort à parier que le Grand-Duché devra lâcher du lest, notamment sur les compensations financières transfrontalières, pour arracher un seuil semblable au niveau fiscal.