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Uber dans le rétroviseur

Les taxis sont en pleine bataille avec le gouvernement concernant leurs tarifs. Le dialogue est difficile, mais il existe. Et c’est la force du Grand-Duché. Mais une autre menace se profile à l’horizon : l’arrivée potentielle d’Uber.

Ailleurs en Europe, les conducteurs de taxi ont dû affronter sans préavis l’arrivée de ce redoutable concurrent. La société américaine a déjà posé ses valises du côté de Metz et Nancy. Bien sûr, aucun projet d’implantation au Grand-Duché n’est pour l’instant défini avec précision. Mais la menace guette. Car les taxis luxembourgeois se trouveront face à une entreprise internationale qui ne fait pas de sentiment avec la concurrence et qui exploite habilement le manque de réaction des gouvernements pour passer en force et tisser sa toile.

Uber est une plateforme qui permet, via une application, de mettre en relation clients et conducteurs de voiture de tourisme, travailleurs «indépendants» pour ce nouveau géant des nouvelles technologies. Uber a déjà tenté une première approche il y a quatre ans pour s’implanter au Luxembourg. Mais le projet avait capoté. «Le principe même de l’entreprise ne correspondrait pas aux normes sociales et aux taxes appliquées au Grand-Duché», avions-nous écrit dans nos colonnes. Mais cela risque de changer. Et les taxis ne sont pas les seuls à être concernés par ce type de concurrence, émanation d’un libéralisme débridé où chaque «employé» n’en est pas vraiment un. À lui de payer ses impôts, de cotiser pour la sécurité sociale, sa retraite. Et pour gagner plus, pas de secret : il faut travailler encore et toujours sans compter les heures. Mais encore faut-il que le prix de la course ne baisse pas après une décision unilatérale de la plateforme.
Au-delà du transport et de la livraison de repas, c’est un tout nouvel environnement de travail précaire qui se met en place. Le Luxembourg n’y échappera pas… mais c’est aux décideurs politiques de s’assurer que le code du travail ne deviendra pas la loi de la jungle.

Laurent Duraisin