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Truss déjà «out»

Adoubée il y a six semaines par la reine alors au crépuscule de sa vie, Liz Truss risque de devoir prendre la porte du 10, Downing Street bien plus tôt qu’elle ne l’imagine. Si elle avait su, feu Elizabeth II… En fait, elle savait probablement, pour avoir vu défiler quinze Premiers ministres durant son règne, que cette dernière ne tiendrait pas la distance. Déjà «out» à peine arrivée. Et une légitimité chaque jour contestée pour celle dont le nom n’est pas sorti des urnes de la démocratie britannique, mais du chapeau de ses pairs conservateurs. Chapeau qu’ils mangent tous depuis des semaines, tant Liz Truss atteint des sommets. Il semblait pourtant difficile de faire pire que son prédécesseur… Mais elle y parvient, entre improvisation et revirements. Comme cette mesure fiscale décriée de tout bord qui prévoyait une baisse massive – et pas financée pour un penny – de l’imposition des revenus les plus aisés, finalement abandonnée. Pas de quoi calmer les appels à la démission pour autant.

C’est qu’elle a le don d’irriter à tous les étages, de la Chambre des communes aux salons feutrés de Buckingham. Le roi Charles III a même eu du mal à taire son agacement lorsqu’il l’a reçue en audience la semaine passée. «Encore vous, mon Dieu…», a-t-il lâché. Sa défunte mère en aurait recraché son gin Dubonnet, elle qui s’est toujours interdit de manifester la moindre émotion à l’égard de ses interlocuteurs.

L’actuelle cheffe du gouvernement, impatiente d’expédier des charters remplis de migrants vers le Rwanda, a aujourd’hui davantage de chances de prendre un aller simple pour les oubliettes de l’Histoire. Au-delà de sa déroute, le cas Truss témoigne de l’impasse sans fin du Brexit. Theresa May et Boris Johnson avant elle, aucun des militants de la sortie de l’Union européenne n’est capable de trouver l’issue. Malgré la belle promesse de donner de l’air et un nouveau souffle à la «Grande» Bretagne, libérée du joug de Bruxelles. Au lieu de cela, le royaume est désuni comme jamais, les joyaux de la couronne bien ternes. L’inflation, inédite aussi, prend les citoyens à la gorge autant qu’elle étrangle l’économie. Oh oui, sans doute, Elizabeth II en aurait avalé son cocktail préféré de travers.

Alexandra Parachini

Un commentaire

  1. Ted Kidanski

    Il est difficile d’avoir tort sur tout ! Et Poutine a raison quand il dit que nos démocraties sont malades même si le système qu’il propose ne vaut guerre mieux !
    Que Truss soit arrogante, stupide et incompétente, c’est son droit le plus strict … en démocratie ! La vraie question est : « Comment des personnes aussi médiocres arrivent-elles au pouvoir ? ». Le système dysfonctionne à un point que les filtres ne filtrent plus. Et ce n’est pas normal. Pire encore, les personnes qui pourraient modifier les constitutions, française, américaine ou anglaise, sont les mêmes que celles qui sont actuellement au pouvoir et qui ne vont évidemment pas s’éjecter elles-mêmes des parlements et gouvernement en place !
    Il est venu le temps des ténèbres, les médiocres ont confisqué le pouvoir !