« Tu ne me verras jamais sur Facebook. Jamais de la vie ! » Peut-être connaissez-vous des personnes qui tiennent ce discours. Des personnes qui ont souvent de très bonnes raisons de boycotter le premier réseau social du monde, qui ne lui ont jamais accordé le moindre «like» ou «pouce bleu», et qui s’en portent très bien. Si elles savaient… Rares sont ceux qui échappent aux yeux et aux oreilles de Mark Zuckerberg.
Une photo indiscrète, ou un répertoire téléphonique récupéré par Facebook suffisent déjà à faire s’envoler les rêves d’anonymat. Mais il y a plus sournois : la justice belge vient de dénoncer le pistage des internautes, y compris les non-membres, par Facebook. En cause, les cookies, ces micro-fichiers qui mémorisent les faits et gestes des internautes. Facebook utilise ces fichiers espions pour mémoriser qu’un internaute, inscrit ou non, a visité une page Facebook, «par exemple celle d’un ami, mais aussi qu’il a visité la page d’une chaîne de magasins, d’un parti politique, d’un groupe d’entraide ou d’une autre association.»
Or il s’agit bel et bien de données personnelles, privées, que Facebook exploite à des fins commerciales, sans demander expressément son consentement à l’internaute.
Hélas, même si la justice belge a donné un ultimatum de 48 heures (jusqu’à aujourd’hui) assorti d’un risque d’amende de 250 000 euros par jour, il y a peu de chance que cela fasse trembler le géant tentaculaire. Car, malgré la multiplication des scandales, Facebook ne dévie pas de sa trajectoire. Ses règles d’or ?
Laisser ceux qui le souhaitent réaliser le rêve de la NSA (Agence de sécurité américaine) : des personnes qui s’auto-fichent, livrant eux-mêmes des quantités d’informations sur leurs opinions, réseaux et activités.
Laisser les hypocrites – comme l’auteur de ces lignes – critiquer les dérives de Facebook tout en restant dessus parce que «c’est bien pratique quand même».
Par contre, pour ceux qui se contentent d’exister dans le monde réel, et qui refusent la création d’un clone virtuel, désolé, mais la règle est toujours de laisser tomber ce droit à la vie privée.
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)