Diable, que ce passe-t-il en Europe ?
C’est avec cette même question que nous avions lancé le 10 avril une première analyse critique du manque de réactivité mais aussi de solidarité de l’UE pour apporter une réponse aux flux de réfugiés. Une semaine plus tard, le drame s’est produit : des milliers de personnes désespérées, dont de nombreux bébés et petits enfants, se sont noyées en Méditerranée, transformée en un immense cimetière.
Immédiatement, les 28 chefs d’État et de gouvernement de l’UE se sont mobilisés pour valider lors d’un sommet extraordinaire un programme d’aide d’urgence. La réponse apportée est cependant restée loin en dessous des attentes. Le plan se résume à deux points. De un, le triplement du budget pour la mission de surveillance maritime Triton de 3 à 9 millions d’euros par mois, montant que l’Italie, marquée par la crise financière, avait mobilisé toute seule pour l’opération Mare Nostrum. De deux, l’UE envisage de bombarder les chalutiers des passeurs installées sur les côtés libyennes.
Avec sarcasme on pourrait donc affirmer que l’UE s’apprête à jouer à touché-coulé avec un budget qui est dérisoire par rapport à l’urgence humanitaire qui prévaut en Méditerranée. En même temps, il ne faut pas oublier que ce sont les raids aériens de la coalition internationale contre l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi qui ont contribué à préparer le terrain exploité aujourd’hui par les passeurs criminels.
Ce sont des pays comme le Royaume-Uni, mais également les pays Baltes, qui ont eux largement profité de la solidarité européenne, qui jouent un rôle honteux dans ce dossier. La France n’est également pas blanche comme neige avec son refus d’accepter le plan de quotas afin d’assurer une répartition plus équitable des réfugiés et migrants dans l’UE.
Cette flagrante absence de solidarité risque de couler définitivement les valeurs de l’UE. Lors de sa présidence, le Luxembourg devra que jamais user son poids de membre fondateur de l’UE pour inverser la tendance, sans quoi le naufrage européen sera une réalité.
David Marques (dmarques@lequotidien.lu)
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