Un bras de fer juridique s’annonce autour du règlement communal antimendicité édicté par la Ville de Luxembourg. Le texte a été rendu caduc mardi par le ministère de l’Intérieur, mais cela ne va pas pour autant clore le débat. Il y aura bien sûr un recours devant les tribunaux ; la coalition DP-CSV à la tête de l’hôtel de ville a annoncé, quelques heures après la conférence de presse de la ministre Taina Bofferding, qu’elle avait engagé un avocat pour contre-attaquer devant les tribunaux. L’affaire n’est donc pas terminée.
Alors que des échéances électorales se rapprochent, nul doute que ce sujet sensible sera évoqué en long et en large aux électeurs sur les marchés de la capitale, sur les stands des partis politiques, dans les brochures distribuées dans toutes les boîtes aux lettres. L’électeur aura le dernier mot. Ou plutôt, les derniers mots avec les élections communales dans moins d’un mois et les législatives à la fin de l’année.
Rappelons que l’Hôtel de ville souhaite uniquement combattre la mendicité agressive et organisée à travers ce fameux règlement. Même si tous les autres malheureux qui, assis, quémandant un petit euro, semblent devoir aussi déguerpir. Les débats s’annoncent animés entre citoyens et candidats, car tout le monde a sa petite idée sur la question. Tant mieux, ça s’appelle la démocratie.
Pour les électeurs qui n’habitent pas dans la capitale, rassurez-vous, vous aurez droit aussi à votre dose de débat sur l’insécurité. L’épisode de l’interdiction des mendiants dans la Ville-Haute et dans le quartier Gare n’est que le premier du genre. Il y en aura d’autres. Selon le dernier Eurobaromètre publié en mars dernier, l’insécurité a grimpé à la quatrième place des sujets d’inquiétude des Luxembourgeois. Le nombre de sondés ayant évoqué cette problématique a doublé en six mois. On pensait le Grand-Duché relativement épargné par ce fléau. Il n’en est rien : le sentiment d’insécurité a fait un sacré bond. Et il n’est pas sûr qu’il régresse si les partis politiques s’emparent du sujet. Le terrain est en effet glissant et il est vite fait de sombrer dans le populisme. Aux électeurs d’ouvrir les oreilles et de ne pas se faire piéger.