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Tant va la COP à l’eau…

Elle était belle, cette grand-messe de la COP21, le sommet pour le climat de Paris. Tous ces chefs d’État, ces débats passionnés et cet accord final arraché au forceps par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français, gentil organisateur de l’évènement à la fin de l’année dernière. C’était une réussite, nous assurait-on. Le réchauffement climatique serait limité à 2 degrés à l’horizon 2100. Et les générations futures pouvaient compter sur le sens des responsabilités des dirigeants actuels.

Certains avaient certes pris des précautions, comme John Kerry, le négociateur américain, qui avait annoncé que les engagements de son pays ne seraient pas contraignants. Peut-être savait-il déjà qu’ils ne seraient pas tenables. Peut-être qu’il a menti au monde.

Mardi, la Cour suprême américaine a suspendu ces engagements. Il s’agissait ni plus ni moins de réduire de 32 % les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’électricité, sur la base de celles enregistrées en 2005. Une exemplarité portée par Barack Obama, qui sait que le deuxième pollueur mondial derrière la Chine se doit d’être irréprochable. Qu’il doit montrer l’exemple aux autres nations pour que chacune tienne ses engagements.

Sauf que la Cour suprême, saisie par les États américains producteurs de charbon, a décidé de revenir sur les ambitions de la COP21. Elle va examiner tous les recours avant de rendre un verdict définitif. Quand on sait que cinq de ses neuf juges sont conservateurs et peu sensibles aux problématiques climatiques, l’espoir est ténu.

Barack Obama quittera le bureau ovale dans moins d’un an. S’il ne parvient pas à mettre en œuvre, avant cette date, ses promesses de réduction des gaz à effet de serre, rien ne garantit que son successeur le fera, surtout s’il est républicain. Rien ne garantit alors que les autres pays qui se sont engagés dans la même voie poursuivront leurs efforts.

La COP21 ne serait alors que le lointain souvenir d’un court moment de liesse et d’utopie face au froid pragmatisme économique.

Christophe Chohin

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