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Sur quel pied danser ?

Alors, on danse ? Pardon Stromae, ce serait avec plaisir, mais les discothèques sont actuellement portes closes un peu partout en Europe. Se déhancher est d’ailleurs prohibé même dans les bars. Oubliez donc cette charmante dancing queen croisée vendredi soir, les spots et lasers désespérément éteints ne la mettront plus en lumière. Quant à la fièvre du samedi soir, elle ne fera plus grimper la température pendant un bon moment. Les parquets n’encaisseront plus les coups de talons-aiguilles et la piste ne vibrera plus sous les chorégraphies endiablées avant belle lurette. Et à la maison, c’est soirée disco ? Non plus, Boris, pas même pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Le passage à la nouvelle année se fera sans tambour ni trompette. Et sans feux d’artifice. Dans ce cas, peut-être, voulez-vous danser grand-mère ? Mais voyons, mon enfant, les bals sont annulés aussi ! Seuls nos amis palmipèdes peuvent éventuellement remuer leur popotin, en secouant le bas des reins. Et encore, pas si sûr, les volailles étant en période de confinement pour cause de grippe aviaire.

Comme ses voisins, le Luxembourg a donc lui aussi décidé hier de restreindre les activités nocturnes en avançant la fermeture des établissements de l’Horeca à 23 h dès Noël. Voici les clubs remis en boîte, à nouveau. La mesure équivaut à les replonger dans la pénombre, puisque personne ne va jamais guincher avant les douze coups de minuit. Sombres horizons qui attendent encore les professionnels vivant du monde de la nuit, bringuebalés depuis bientôt deux ans en clair-obscur. Ils s’y attendaient. Mais osaient garder malgré tout une infime lueur d’espoir. Une petite flamme dans les yeux, pour sécher ces larmes qui n’en finissent pas de couler. Les intermittences du stroboscope aveuglent ces employés et patrons qui ne voient plus le bout de cet interminable tunnel. Le gouvernement a promis de remettre la main à la poche pour aider les entreprises en souffrance à supporter la charge de cet énième coup du mauvais sort. Reste qu’à force, elles ne savent plus sur quel pied danser.

Alexandra Parachini