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Souriez, vous êtes flashés

Prévenir ou punir. Sensibiliser ou flasher. Voilà les deux armes d’un gouvernement pour freiner les dérapages mortels sur nos routes. Pourquoi se fait-on flasher par des radars automatiques ? Parce qu’on n’a pas appris la leçon rabâchée par la Sécurité routière.

Depuis peu, le Luxembourg a lui aussi décidé d’ajouter les radars à son arsenal. Souvent avec de très bonnes raisons. Dernier exemple en date, un tragique accident survenu fin juin à Esch-sur-Alzette, au rond-point Raemerich, où deux jeunes Eschois ont perdu la vie. Les excès de vitesse à cette sortie d’autoroute étant légion, le gouvernement a décidé d’y installer début 2017 un radar.

Le déploiement l’an prochain d’une dizaine de radars, en plus des 20 existants, serait pourtant l’occasion d’envisager une autre voie, plus… fun. Une troisième arme, en plus de la pédagogie et de la répression. Imaginons qu’un jour, au Luxembourg, on soit heureux d’être flashé. Cette arme, cela pourrait être la «Speed Camera Lottery».

Le principe : ne plus flasher les conducteurs fautifs, mais les méritants. La caméra photographie les conducteurs qui respectent les limitations de vitesse, ce qui les fait automatiquement participer à une loterie. Les gagnants ont ensuite la surprise de recevoir à la maison, non pas une contravention, mais un chèque !

Stupide ? Cette idée a pourtant déjà été testée, en Suède. En 2010, une «Speed Camera Lottery» a été installée dans une rue à Stockholm. L’effet de surprise, puis le bouche à oreille, ont fait des miracles : sur cette rue, la vitesse moyenne est passée de 32 à 25 km/h.

Alors oui, l’appât du gain n’est pas la plus noble des motivations. Mais ce n’est pas la moins efficace. Il suffit de regarder le succès de l’Euromillions. D’autant que l’argent de cette loterie pourrait provenir des recettes des radars classiques, bref, des mauvais conducteurs. Pourquoi ne pas tenter l’expérience au Luxembourg ? Ce Luxembourg, qui vante souvent son mode de gestion «en bon père de famille», pourrait ainsi montrer qu’il peut délivrer autre chose que des avertissements (taxés ou non). Après tout, les coups de bâton redressent rarement les sales gosses. Un bon père doit aussi savoir offrir des récompenses, non ?

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

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