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Serrage de vis

Le nouveau gouvernement conservateur-libéral a raison de souligner dans son programme que «l’État de droit, qui constitue un pilier de tout État démocratique, et la protection de la sécurité sont des exigences sociales élémentaires en ce qu’ils garantissent la liberté des personnes». Des ressources humaines suffisantes et un arsenal juridique costaud sont indispensables. CSV et DP estiment qu’il existe encore trop de lacunes et promettent de serrer la vis sécuritaire. Faut-il pour autant en conclure que les ministres chrétiens-sociaux des Affaires intérieures, Léon Gloden, et de la Justice, Elisabeth Margue, imposent un strict régime de «Law and Order», cher à des politiciens dont le fonds de commerce est de générer la peur ?

Les mesures inscrites dans le programme gouvernemental laissent penser que le nouvel exécutif compte bien s’engager dans cette voie. Comparution immédiate, davantage de caméras de surveillance, création d’une police locale, pistolets électriques (tasers) pour les agents ou encore renforcement du fameux «Platzverweis» sont quelques exemples de cette nouvelle politique répressive.

Les demandeurs d’asile et autres migrants doivent aussi s’attendre à un traitement plus musclé. Présent mardi à Bruxelles pour son premier Conseil «Justice et Affaires intérieures», Léon Gloden n’a pas caché son intention de procéder avec plus de détermination à l’expulsion de personnes en séjour irrégulier. Son engagement d’intégrer ceux qui ont le droit de rester au Luxembourg est presque passé inaperçu. Le ministre chrétien-social préfère d’ailleurs parler de politique «responsable» au lieu de politique «répressive». Même s’il est indéniable que l’immigration illégale doit être endiguée, le seul renforcement des frontières extérieures n’est pas la solution adéquate. Or, le programme de gouvernement ne mentionne en rien l’instauration de voies de migration légale.

Au niveau national, le serrage de vis promis prendra beaucoup de temps. À l’échelle européenne, les chances de voir les 27 enfin s’accorder sur une vraie politique migratoire sont peu élevées. La répression possède donc bien des limites et nécessite, dès lors, des concepts alternatifs pour renforcer l’État de droit comme pilier de tout pays démocratique.

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