Il était 18h, ce vendredi, et pour beaucoup le week-end venait de commencer. Dans le centre d’Esch-sur-Alzette, de nombreuses familles marchaient sur le trottoir et se dépêchaient de rentrer chez elles. Dans la rue, une circulation encore dense mettait à rude épreuve les nerfs des automobilistes. Une soirée comme les autres ? Presque.
Un bruit assourdissant a fait soudain vibrer les vitres des habitations situées le long de la rue du Canal. Un jeune homme à moto est apparu et a traversé à grande vitesse la rue sur une seule roue. La vitesse est pourtant limitée à 30 km/h à cet endroit. Et ça que l’on soit sur une, deux ou quatre roues. Content de son petit effet, le jeune homme au guidon de son nouveau jouet a poursuivi sa route en donnant un petit coup d’accélérateur une fois la moto posée, enfin, sur ses deux pneus. Nouveau concert de décibels.
Certaines rues grand-ducales sont devenues des cirques à ciel ouvert où on peut contempler toutes sortes de numéros plus dangereux les uns que les autres. Le problème, c’est que nous faisons aussi partie du spectacle ! Cette année sera mauvaise concernant la violence routière. Une trentaine de personnes sont, pour l’instant, décédées.
Malheureusement, la loi des statistiques indique que d’autres personnes mourront avant la fin de l’année sur les routes ou dans les rues du pays dans de tragiques accidents. Une certitude, le bilan total des tués dépassera les 25 morts enregistrés en 2017. Cette année, le nombre de décès sur la route risque même de dépasser le triste bilan de 2010 qui s’était établi à 32 morts.
Quelle marche en arrière alors que les pouvoirs publics et les associations font tout pour tenter de juguler l’hécatombe sur nos routes. Dernier effort en date : une campagne choc sur les accidentés de la route. Cela suffira-t-il pour faire prendre conscience à tous du danger ? Cela suffira-t-il pour faire comprendre à certains qu’un véhicule n’est pas un jouet, que les routes du pays ne sont pas un lieu d’amusement où tout est permis ? La scène vue vendredi soir nous dit que le combat contre la violence routière est loin d’être gagné. Désespérant.
Laurent Duraisin