Le patronat ne souhaite plus prendre part aux réunions de type tripartite (rassemblant autour d’une table gouvernement, syndicats et patronat), qui se tiennent au niveau du CPTE.
D’une part, l’UEL, estime être le grand perdant de ces réunions et, d’autre part, elle se projette vers l’avenir et dit vouloir faire évoluer le droit du travail, face à la digitalisation notamment. En ce sens, le patronat est d’avis que des réunions de type bipartites, à savoir gouvernement-patronat et gouvernement-syndicats, seraient davantage constructives, dans le cadre d’un dialogue social innovant.
Dans le camp syndical, on crie au scandale et au bafouement du fameux modèle social national, qui se veut indiscutablement tripartite et qui s’apparente à un acquis social indémontable. Les syndicats estiment que la volonté du patronat «constitue une attaque frontale inacceptable et irresponsable à l’encontre du dialogue social institutionnalisé et encadré légalement».
Pour mémoire, la réunion «tripartite» du Semestre européen 2018 à Senningen avait débouché sur de nombreuses divergences de vues entre syndicats et patrons; si bien que le Premier ministre avait clôturé la réunion en ces termes : «Je rappelle que je ne suis pas ici pour distribuer des points à tel ou tel camp, car je ne suis pas arbitre. Ce dialogue social est, avant tout, une importante consultation et un échange entre gouvernement et partenaires sociaux.»
Alors, qui est dans le vrai? Faut-il ancrer de manière pérenne le dialogue social tripartite ou, au contraire, changer de paradigme, et passer en mode bipartite? En sachant que le patronat et que les syndicats ont été reçus,mardi, par le gouvernement (séparément ou individuellement?), pour évoquer cette question, il est à espérer que cela se soit fait en présence d’un arbitre, cette fois, qui aura clairement tranché.
Car ce n’est certainement pas en restant dans une logique d’affrontement, sur la forme, que des consensus pourront être trouvés, à l’avenir, sur le fond; au risque de se retrouver dans une situation de «triple monologue»…
Claude Damiani