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Risque de chute

En octobre 2016, nous titrions dans ces colonnes : «Accidents du travail : des morts jusqu’à quand ?». En 2020, l’Inspection du travail et des mines (ITM) a encore enregistré quatre accidents mortels. Les chiffres complets pour 2020 de l’Association d’assurance d’accident font encore défaut. La moyenne continue toutefois de tourner autour des 20 décès par an, et ce, en dépit d’une baisse de 23 cas en 2018 à 16 cas en 2019. L’ambitieux objectif fixé par la campagne «Vision zéro» n’est donc pas encore atteint.

La bonne nouvelle est toutefois que l’ITM a réussi son pari de se doter enfin d’un nombre suffisant d’inspecteurs. Au 1er août 2016, 44 inspecteurs étaient recensés. Parmi eux, seuls 13 effectuaient des missions d’inspection et de contrôle sur le terrain. Près de cinq ans plus tard, l’ITM dénombre 92 inspecteurs du travail, dont 64 qui sont opérationnels sur le terrain. Le Luxembourg remplit enfin les critères du Bureau international du travail, qui fixe le seuil minimal d’un inspecteur pour 10 000 salariés.

Le chantier des ressources humaines a donc bien avancé. Comme indiqué plus haut, des tragédies continuent toutefois de se produire sur les lieux de travail. Le secteur de la construction reste particulièrement concerné. Et comme est venu le dénoncer lundi le directeur de l’ITM, Marco Boly, les chutes de hauteur constituent un fléau majeur. Il suffit de jeter un regard dans les archives de presse. «Un ouvrier entre la vie et la mort après avoir chuté de 6 mètres» (septembre 2020). «Un frontalier originaire de Sarre est mort ce mardi matin, sur un chantier à Gasperich dans la rue Charles-Darwin. Le malheureux a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres» (décembre 2019). «Un ouvrier meurt après une chute de dix mètres» (juin 2017).

Il reste du travail, surtout si l’on considère qu’en 2020 l’ITM a enregistré 469 infractions liées à un risque de chute de hauteur. La culture de sécurité fait encore défaut chez trop d’employeurs. Un exemple anecdotique, mais qui en dit long : en pleine pandémie, 68 entreprises ont omis de mettre en place des points d’eau, du savon, du gel hydro-alcoolique et des serviettes en papier jetables pour leurs salariés.

David Marques

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