Nicolas Schmit sera-t-il encore à Bruxelles après les élections, et si oui, dans quelle fonction? «En tant que président de la Commission!», répond-il sans détour dans l’interview qu’il a accordée en ce début de semaine à trois journaux du groupe Editpress. Mais cette perspective est-elle réaliste? La tête de liste européenne du Parti socialiste européen (PSE) estime que l’écart dans les sondages avec les conservateurs du centre droit (PPE) n’est pas «gigantesque». Son calcul : un ou plusieurs sièges de plus pour le camp socialiste dans chacun des 27 États membres suffiront pour l’emporter.
Nicolas Schmit mise aussi sur une volonté plus prononcée d’un changement politique à la tête de la Commission. En effet, la reconduction pour un second mandat d’Ursula von der Leyen est contestée, y compris dans les rangs de son propre parti. Il reste à évaluer le succès ou l’échec de son choix à laisser la porte ouverte à certains partis et élus appartenant au groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) qui compte dans ses rangs le Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et le parti Droit et justice (PiS) polonais. Ces formations sont certes plus modérées que les extrémistes de droite du groupe ID (Identité et démocratie), où on retrouve le RN de Marine Le Pen ou le PVV néerlandais de Geert Wilders. Mais l’ECR peine à défendre pleinement les valeurs européennes.
Ursula von der Leyen aurait dressé des «pseudo-lignes rouges», selon Nicolas Schmit, pour envisager une coalition avec des partis de l’ECR : être pro-UE, pro-État de droit et pro-Ukraine. Le PSE est bien plus clair en excluant fermement toute alliance. «Il n’existe pas de bonne ou méchante extrême droite», martèle le candidat socialiste.
Va-t-on se retrouver au soir des élections face à un Parlement européen divisé, sans possibilité de former une coalition pro-UE solide? Le PPE devra-t-il compter sur l’ECR, voire sur ID, pour se maintenir au pouvoir, vu le fossé qui est en train de se creuser avec les partis progressistes de gauche? Pour éviter un tel scénario, il faut que socialistes, verts, libéraux et gauchistes sortent renforcés du scrutin. Notamment pour ramener le centre droit sur le bon chemin. Rien n’est moins sûr pour autant.