Attendue, espérée mais trop souvent repoussée, la réforme du congé parental est là. Elle va faire grincer quelques dents mais elle est là. Tournée vers la famille, elle facilitera la vie des parents, qui vont moins hésiter que par le passé au moment de choisir une des options proposées par le gouvernement. Les employeurs devront s’adapter, et c’est tant mieux. Avec cette réforme, le Luxembourg se pose en exemple. Il mise sur sa jeunesse, la seule vraie richesse d’une nation. Il mise aussi sur l’épanouissement de ses travailleurs, trop souvent oublié par les tenants de l’économie de marché.
Le précédent texte était hautement pénalisant pour les familles, avec une indemnité largement inférieure au salaire minimum qualifié. Demain, lorsque la loi sera votée, de nombreux parents pourraient s’engouffrer dans la possibilité qui leur est offerte de passer un peu plus de temps avec leur progéniture. Elles hésiteront en tout cas un peu moins lorsqu’il s’agira de sacrifier une partie de leurs revenus. En cumulant un plafond à 3 200 euros et l’opportunité de différer certains crédits, l’effort est notable et cette réforme est une date clé du gouvernement de Xavier Bettel.
La bonne application de certaines dispositions devra néanmoins être surveillée. La possibilité de morceler le congé est, sur le papier, une excellente nouvelle… si les employeurs n’exigent pas de leurs salariés qu’ils réalisent la même quantité de travail en quatre jours qu’en cinq. Il faudra aussi être attentif à l’évolution professionnelle des parents choisissant de partir en congé. C’est un droit, à l’instar du congé maternité. Mais ce dernier marque par trop souvent un coup d’arrêt dans la carrière des femmes. Et ce facteur fait généralement hésiter les salariés au moment de franchir le pas du congé parental. Nul doute que les syndicats veilleront à la bonne application du texte.
Celui-ci dépasse la simple organisation du temps de travail. Il expose une vision claire d’une société plus attentive à une famille trop souvent laissée-pour-compte. Cette réforme fera date.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)