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Réseaux sans filtre

Des réseaux d’influence. TikTok, Snapchat, Instagram… Ces plateformes n’ont plus rien de ludique. De manière insidieuse, elles sont devenues de redoutables outils de propagande au service des régimes autoritaires. TikTok, en particulier, est considéré comme le bras numérique armé de Pékin. Car l’appli chinoise propose à sa jeunesse des contenus autrement plus éducatifs que ceux promus sur les versions occidentales. Pour mieux abrutir nos consciences et fabriquer autant d’idiots utiles à l’idéologie, accusent notamment les Américains. Ceux-ci ne sont pas en reste. On se souvient du scandale Cambridge Analytica, qui a permis d’orienter les opinions au moment de l’élection de Donald Trump, grâce au siphonnage de dizaines de millions de profils Facebook. Ou, plus actuelles, des méthodes d’Elon Musk pour rendre Twitter toujours plus toxique.

Des réseaux addictifs, de fait. Les ados ne décrochent plus des vidéos qui défilent à l’infini et génèrent des revenus publicitaires au-delà du rentable. Le phénomène n’est certes pas nouveau. Quand les chaînes de télévision ont été privatisées, leurs patrons se targuaient de vendre «du temps de cerveau disponible». Mais l’on parle ici d’une dépendance d’une autre ampleur. Le nouvel opium du peuple. Aux effets aussi dévastateurs que ceux d’une drogue de synthèse. L’équivalent du fentanyl, dit-on aux États-Unis, où le puissant analgésique fait des ravages. Les Européens commencent à légiférer et poser des limites au temps passé à s’aveugler sur les écrans. Des filtres malgré tout perméables, car contourner le système est un jeu d’enfant. On peut néanmoins se réjouir de voir nos gamins un peu mieux protégés. Il faudrait également davantage alerter nos aînés, dont beaucoup regardent les publications d’un œil amusé sans se douter des dangers qui guettent.

Des réseaux de plus en plus mafieux, par ailleurs. Si TikTok – encore – est un aspirateur à données, c’est surtout une pompe à fric. Ces derniers mois, des lives mettent en scène des réfugiés, des femmes en détresse, moyennant notre générosité au bout du compte. Plus ça dure, plus ça rapporte. Pas aux personnes qui font la manche en direct, bien sûr. Une escroquerie, en somme. La question est de savoir à qui profite le crime organisé.

Alexandra Parachini