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Processus de sélection

Comment interpréter le baromètre de l’économie, dévoilé jeudi par la Chambre de commerce ? Cette enquête semestrielle sur la conjoncture des entreprises livre un regard plus détaillé sur l’état de santé des différents secteurs d’activité. Il se confirme que la construction souffre lourdement de la flambée des taux d’intérêt, avec à la clé une nette baisse des investissements dans le logement. Il est en outre inquiétant de constater que l’industrie voit ses perspectives s’assombrir. Néanmoins, il faut analyser de plus près les chiffres, car en dépit de la récession qui pointe à l’horizon, le tissu économique du Luxembourg est plus résilient que l’on pourrait le croire.

Si la confiance des entrepreneurs est en baisse, ils sont pourtant toujours 64 % (contre 87 % fin 2021) à se montrer optimistes pour l’avenir à moyen terme. Mieux, ils sont 74 % à garder confiance en la survie de leur entreprise. Plus de la moitié estiment pouvoir garder le même niveau d’activité, contre 28 % qui anticipent une dégradation de la situation. Moins reluisant est le fait que seuls 14 % des entreprises comptent augmenter leurs investissements, et ce, dans un contexte des indispensables transitions numérique et environnementale.

Sous-estimer la tendance globale serait certainement une erreur. Cela n’empêche pas de faire la part des choses. Les secteurs qui sont vraiment dans le rouge sont la construction, l’industrie, mais aussi les transports. Ils sont respectivement 42 %, 39 % et 26 % à redouter une dégringolade supplémentaire dans les six mois à venir. Le futur gouvernement, formé par le CSV et le DP, aura intérêt à s’occuper en priorité de ces trois patients, avant de songer, par exemple, à une baisse de la charge fiscale pour l’ensemble des entreprises.

Le camp patronal ne sera pas du même avis, même si le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, plaide pour mettre en œuvre des mesures ciblées pour les ménages en difficulté. Pourquoi ne pas appliquer le même principe pour les entreprises, d’autant plus que les finances publiques ont aussi tendance à se dégrader? Un autre argument est le doute qui enfle sur la stratégie du CSV de Luc Frieden visant à contrefinancer une baisse généralisée des impôts par une croissance économique renforcée.