Interdire les armes à feu aux États-Unis? Soyons sérieux. Actuellement, c’est tout bonnement impensable. Malgré la tuerie de Las Vegas, malgré Columbine, et des décennies de leçons sanglantes, l’Américain moyen trouve toujours normal de pouvoir s’acheter un fusil d’assaut dans un Walmart. Et avec le cow-boy du dimanche qui sévit à la Maison-Blanche, sonnez «Trumpettes», la poudre va continuer à parler.
Non, ce n’est pas demain qu’on gommera une ligne du sacro-saint second amendement. Donc plutôt qu’une improbable interdiction, certains pointent l’exemple australien, qui préfère encourager l’abandon des armes. En effet, ce pays a fait un choix radical à la suite du drame de Port Arthur, en 1996, lorsqu’un tireur solitaire a tué 35 personnes.
Le massacre a servi d’électrochoc : douze jours après, le gouvernement promulguait des lois de contrôle à grande échelle des armes à feu. Au programme : rachat par l’État de 600 000 armes à la population, mais aussi interdiction des ventes d’armes entre particuliers, enregistrement des armes au nom du propriétaire (dont le passé judiciaire est passé au crible), et enfin, nécessité d’avancer une raison valable pour acquérir une arme, l’autodéfense n’étant pas considérée comme telle.
En d’autres termes, ne plus vendre des armes à l’aveuglette. Vingt ans après, les résultats sont incontestables : le taux d’homicide par armes à feu a été divisé par deux, les suicides avec ces armes ont diminué de 65 %, les braquages ont reculé… Et surtout, il n’y a plus eu de tueries de masse. L’Australie continue son programme : l’été dernier, 22 000 armes ont été récupérées auprès de la population, réduisant d’autant le risque que ces armes ne tombent dans de mauvaises mains. Le gouvernement a même amnistié des personnes qui se sont séparées d’armes détenues illégalement.
L’Australie n’est qu’un exemple parmi d’autres, le plus radical étant le Japon : dans l’archipel, où les armes à feu sont strictement interdites, on a compté 6 morts par balle en 2014, contre 33 599 aux États-Unis. Mais à trop laisser traîner ses oreilles près des canons, l’Oncle Sam est visiblement devenu sourd au bon sens…
Romain Van Dyck